Imprimé
16 pages
La Grand'Main
Publiée par Duranty dans son édition du Théâtre de marionnettes du Jardin des Tuileries, La Grand’main a probablement été jouée dans le castelet conçu par l’auteur, mais nous ne pouvons l’affirmer avec certitude. La pièce repose une situation simple (Polichinelle, affamé, vole le vin et le jambon d'un autre), mais qui prend une tournure fantastique avec l'apparition d'une main géante de couleur rouge, venue corriger Polichinelle pour son forfait. L'ensemble de la pièce demande au marionnettiste à gaine une grande maîtrise de son art pour restituer la précision des mouvements et le rythme inscrits dans les didascalies de Duranty. L'action se résume à la confrontation de Polichinelle avec la main du marionnettiste (peut-être peinte en rouge, peut-être gantée), ainsi qu'à un moment avec son nez. Duranty introduit ici deux innovations importantes dans l'art de la marionnette. La disparition de la marionnette au profit de la main humaine, tantôt agissant seule et dotée d'un pouvoir expressif, tantôt manipulant un accessoire (une serviette, une fourche...) préfigure le renouveau apporté par les marionnettistes du 20e siècle (le russe Sergueï Obraztsov, le français Yves Joly) qui souhaitaient ramener la marionnette à son épure. L'intrusion du nez du marionnettiste dans le spectacle, quant à elle, annonce peut-être la sortie du castelet et la mise en jeu du corps à vue, deux caractéristiques de la marionnette contemporaine.
Le voleur puni
Polichinelle vole le pique-nique d’un sorcier et le bastonne. Pour se venger, celui-ci fait apparaître une grande Main rouge. Polichinelle lutte contre cette Main qui le malmène et le frappe pour le corriger. Il ruse pour lui échapper et se réfugie dans la maison d’une vieille femme qui se retrouve à la porte de chez elle. Pour le faire sortir, la Main le piège avec un pâté odorant. Polichinelle tombe dans le piège et se bat avec la Main. Feignant le repentir, il demande au sorcier de le délivrer de la Main. Quand c'est fait, il le tue et tente de contrôler la Main. Mais celle-ci réapparait avec une fourche et finit par l’emporter à la manière du Diable.
Première représentation
Théâtre de marionnettes du jardin des Tuileries
Éditions et traductions
Duranty, Théâtre des marionnettes du jardin des Tuileries, texte et
composition des dessins par M. Duranty. Paris : MM. Dubuisson et Cie, Editeurs-Libraires, 1862.
Louis Edmond Duranty, Théâtre des marionnettes. Arles: Actes Sud, 1995.