PuppetPlays a contribué à :

• développer les humanités numériques en créant une plateforme Internet comportant une base de données, une anthologie de textes et de nombreuses ressources documentaires ou pédagogiques destinées notamment aux chercheurs, aux artistes, aux enseignants, aux étudiants....
• enrichir la recherche sur le domaine très peu connu des écritures pour marionnettes par la production d'une monographie Puppetry and Dramaturgy – Western European Plays for Puppet Theatre, 1582-2020 (Palgrave Mcmillan, à paraître 2025) par Didier Plassard ; des articles scientifiques en peer-review ; un numéro spécial des Cahiers Élisabéthains consacré à « Shakespeare and puppets » et l'organisation de deux colloques internationaux, L'écriture littéraire pour marionnettes en Europe de l'Ouest (17e-21e siècles) et Portrait du marionnettiste en auteur publiés en open source ;
• stimuler et accompagner les jeunes chercheurs dans ce domaine en attribuant deux bourses de recherche à deux doctorantes (Francesca Di Fazio et Sophie Courtade) et six post-doctorants et post-doctorantes (Jean Boutan, Manuela Mohr, Yanna Kor, Anna Leone, Francesca Di Fazio, Cécile Decaix).

Toutes les publications et toutes les ressources de PuppetPlays sont en accès libre et gratuit (open source ou gold open access).

L'hypothèse centrale

L'hypothèse centrale de PuppetPlays est que le théâtre de marionnettes, qui durant les XVIIe et XVIIIe siècles était essentiellement une pratique pour contourner les interdictions du théâtre d'acteurs, est progressivement devenu un médium théâtral spécifique. Il maintient en vie des modes et des genres que le théâtre d'acteurs a abandonnés ; il donne vie à des personnages spécifiques profondément ancrés dans les identités locales et régionales ; et il explore des formes expérimentales d'écriture dramatique.

Prendre en compte les répertoires de marionnettes dans l'histoire de la littérature dramatique peut ainsi conduire à certaines révisions du champ : cela permettra d'introduire plus de diversité et de complexité dans la succession linéaire traditionnelle des poétiques (le Romantisme après le Classicisme, le Symbolisme après le Réalisme, le Post-Modernisme après le Modernisme, etc.), qui ne reflète pas la variété des productions théâtrales d'une même époque.

Cette question d'une dramaturgie spécifique se pose particulièrement lorsque nous examinons l'écriture contemporaine. Pourquoi certains auteurs choisissent-ils de composer des pièces pour marionnettes, ombres et toutes sortes d'objets animés – parfois comme seuls interprètes sur scène, parfois mêlés à des acteurs vivants ?

Lorsque les marionnettistes ont besoin de textes pour une nouvelle production, quel imaginaire spécifique de la marionnette ces dramaturges développent-ils ? Il semble que l'introduction d'interprètes artificiels sur scène élargisse le spectre des possibilités dramaturgiques : l'écriture s'affranchit des "lois" du réalisme et de la vraisemblance ; mais elle peut aussi conduire à dire (ou à montrer) l'inexprimable : explosions de violence, cruauté (souvenons-nous du vieux spectacle de Punch et Judy !), ou obscénité. La naissance, la maladie, le handicap, la vieillesse et la souffrance peuvent être représentés sur scène, avec empathie mais sans les risques d'un pathos excessif ou forcé.

Parce qu'ils représentent l'humain sous les traits d'un objet, les arts de la marionnette sont sans doute l'instrument le mieux adapté pour raconter des histoires de déshumanisation et de réhumanisation : c'est, en tout cas, l'une des principales hypothèses que PuppetPlays se propose de tester.