Henry Fielding
Henry Fielding est surtout connu pour son œuvre romanesque, au ton comique et souvent satirique. Il ne se rabat pourtant sur le roman qu’en raison de la loi de censure de 1737 qui l’oblige à abandonner ses ambitions dramaturgiques. Fielding avait en effet débuté sa carrière littéraire avec le théâtre. Il avait alors déjà recours à la satire, pour critiquer par exemple la condition du milieu théâtral de son époque. Bien qu’il soit critique des marionnettes, qu’il considère comme une forme vulgaire de divertissement, Fielding les met en scène dans un spectacle, dans le troisième acte de The Author’s Farce, or the Pleasures of the Town with a Puppet Show, publiée en 1730 sous le pseudonyme Scriblerus Secundus – faisant référence au Scriblerus Club, un groupe littéraire auquel appartenaient notamment Jonathan Swift et Alexander Pope. On y retrouve le personnage traditionnel de Punch. La mise en abîme dramatique est un moyen pour l’auteur de critiquer ce qu’il considère être du théâtre de divertissement, réclamé par les directeurs de théâtre qui rejetaient ses pièces. Au cours de ce spectacle de marionnettes, divers acteurs-personnages meurent à cause d’acrobaties qu’ils ont accomplies pour divertir leur public. Les marionnettes deviennent alors une métaphore pour Fielding : les acteurs ne seraient en fait que des pantins, car le théâtre s’est avili jusqu’à devenir un spectacle de marionnettes. La portée de cette métaphore est telle que les personnages désignés comme des marionnettes (puppets) dans la pièce furent en fait joués par des acteurs de chair.

Jonathan Wild the Great, portrait de Henry Fielding, gravure, vers 1743.