« Lachende Giraffen, ein Schattenspiel » (Girafes rieuses, un jeu d’ombres) est un texte court publié dans le recueil Immer mutig ! Ein phantastischer Nilpferdroman (Courage ! Un roman fantastique d'hippopotames). Paul Scheerbart introduit ce recueil par une fiction dans laquelle il enchâsse divers textes, de formes et de longueurs très variables, dont certains amalgament théâtre et récit. « Lachende Giraffen » se présente comme une narration au présent, ponctuée d’exclamations et d’interjections orales. En adressant ainsi son récit à un auditoire, le conteur s’apparente à un bonimenteur en train de décrire un spectacle d’ombres.

A l’image du reste de l’œuvre de Paul Scheerbart, ce texte est génériquement inclassable, riche de visions imaginaires et saturé de notations chromatiques, sonores et lumineuses.

Le calme du désert est soudainement rompu par un crépitement. Le ciel devient rouge. De grandes girafes noires passent en riant, se saluent, dressent leur tête avec arrogance. Mais des guêpes géantes venues du ciel se jettent sur elles pour les piquer. C’est le chaos. Devenues folles, les girafes grognent, sautent, tordent leurs membres. Leur rire s’éteint. Elles s’éloignent, accroupies, pleurant et gémissant, pendant que ciel rouge resplendit.