Poète et médecin, Justinus Kerner est issu d’une ancienne famille de fonctionnaires du Wurtemberg. Il contracte dans sa jeunesse une grave maladie nerveuse que seul un magnétiseur parvient à soigner. Il explique plus tard son intérêt pour la parapsychologie et l’occultisme par cette expérience. A la mort de son père, il est contraint de quitter l’école et de travailler comme commerçant pour une fabrique de draps. Il écrit alors ses premiers vers pour compenser l’ennui de ses journées de travail. En 1804, il réussit à reprendre les études et part se former à la médecine à Tübingen où il se lie d’amitié avec Ludwig Uhland et fonde à ses côtés un cercle romantique de poètes souabes. Ils publient une revue dominicale qui s’oppose au classicisme du Morgenblatt. En 1808-1809, il voyage en Europe, fait la rencontre de Friedrich Schlegel et de Ludwig van Beethowen à Vienne, et publie à l’issue de ce voyage Reisenchatten (1811). Sa correspondance témoigne de son intérêt pour les arts populaires (« Volkspoesie und Volksschriften »), attisé par ses échanges avec Ludwig Uhland qui publiera, en 1844-45, un recueil de Chansons populaires anciennes en haut et bas allemand. Il mentionne à plusieurs reprises un théâtre de marionnettes à Hambourg et insère dans Reisesschatten des pièces pour ombres et marionnettes.

A son retour, il commence son activité de médecin puis devient préfet. En 1819, il s’installe définitivement à Weinsberg où, jusqu’à sa mort, il fait de sa maison un lieu d’hospitalité et de rencontre romantique et idyllique de poètes (Ludwig Tieck, Achim von Arnim, Gustav Schwab, Eduard Mörike), de nobles, de patients, de réfugiés… La « maison Kerner » devient un lieu central de l’école de poésie souabe. La mort de sa femme en 1854 ravive ses tendances dépressives lors des dernières années de sa vie. Son œuvre comprend des poèmes lyriques, des études de médecine et des écrits sur le spiritisme et les sciences occultes.