
Canevas manuscrit
3 pages
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Tu chanteras, tu ne chanteras
Connue sous différents titres (Tu chanteras, tu ne chanteras pas; Chantera, chantera pas...), cette pièce est l'un des textes classiques de Guignol. Elle figure dans le deuxième volume du Théâtre lyonnais de Guignol publié par Jean-Baptise Onofrio en 1870, lequel rassemble les pièces écrites par Laurent Mourguet (1769-1844), le créateur du personnage de Guignol, ou ses descendants. Onofrio présente la pièce comme une pochade que la troupe jouait en lever de rideau.
La version ici décrite est celle du plus ancien manuscrit connu, conservé au Musée Gadagne de Lyon dans le fonds Léopold Dor. Il porte le visa de la sous-préfecture du Rhône à Villefranche-sur-Saône, en date du 11 décembre 1852. Victor-Napoléon Vuillerme-Dunand écrit "auteur" à côté de sa signature, comme pour tous les manuscrits qu'il soumet à la sous-préfecture pour avoir l'autorisation de les représenter, mais il s'agit en réalité de textes plus anciens, au répertoire de la troupe des héritiers de Laurent Mourguet, et dont il est impossible d'établir quand et par qui ils ont été joués par la première fois.
Il ne s'agit ici que d'un canevas avec les répliques principales et les jeux de scène. La comparaison avec les versions publiées par Onofrio en 1870, ou par Gaston Baty en 1934, montre comment la pièce s'est développée: renforcement du comique de répétition, resserrement et motivation des actions.
Le héros est pris entre deux injonctions contradictoires
Le Docteur recommande à Coquerel de protéger sa femme malade de tous les bruits. Coquerel dit à sa femme qu'il va donner l'ordre à son domestique Cadet de veiller à ce que personne ne chante ou ne crie sur la place. Un Militaire, qui revient à pied de Toulon et approche de chez lui, fait une pause dans une auberge. Guignol vient d'être chassé de la maison où il était domestique et chante pour se consoler. Le Militaire, qui le félicite pour sa voix, lui donne cinq francs pour qu'il continue de le faire devant l'auberge où il s'est arrêté. Cadet demande à Guignol de cesser de chanter et lui donne dix francs pour qu'il se taise. Le Militaire revient demander à Guignol de chanter, Cadet frappe Guignol pour le faire taire, le Militaire aussi, Guignol les bat à leur tour. Le Militaire déclare à Guignol qu'il s'est bien battu et l'invite à le suivre chez lui pour qu'il puisse chanter à sa guise.