Poupées électriques - Filippo Tommaso Marinetti

Poupées électriques

Filippo Tommaso Marinetti
| 1905 | Milan, Italie
Genre
Drame en trois actes
Personnages
Mary Wilson, Juliette Duverny, Monsieur John Wilson, Comte Paul de Rozières, Madame Rose Duverny, Madame Catherine Jolivet, Jacques Jolivet, Mac Fulton, Lieutenant Lecot, Rosette Avril, Monsieur Prudent, Le Mère Prunelle, Jean, Pierre, Rosina
Nombre d'actes
3
Note

Poupées électriques, drame en trois actes, a été écrit par Marinetti en français en 1905 mais publié et joué en 1909, l'année même de la parution de son Manifeste du futurisme en première page du Figaro (20 février 1909), ce qui inscrit la pièce parmi les premières œuvres littéraires du mouvement. Le Manifeste sert d'ailleurs de préface à l'édition de la pièce qui paraît au printemps 1909.

En accord avec l'idéologie futuriste, qui exalte la machine, le progrès industriel et la rupture avec le passé, Poupées électriques met en scène des automates construits par un ingénieur — une innovation théâtrale précédant de onze ans la pièce de l’écrivain tchèque Karel Čapek RUR (1920) qui invente à cette occasion le mot de « robot ». Paradoxalement, pourtant, les automates imaginés par Marinetti représentent les forces du passé: le vieillissement, la routine et l'ennui. Comme les robots de Čapek, ils étaient joués par des acteurs.

La pièce n'a pas été jouée en français mais dans sa version italienne, sous le titre (repris à l'air célèbre de l'opéra de Verdi Rigoletto) La Donna è mobile (Femme est volage), le 15 janvier 1909. La représentation, constamment interrompue par des rires et des sifflements, donne lieu à un scandale: à la fin du deuxième acte, Marinetti monte sur scène pour remercier les spectateurs de leurs sifflements qui "l'honorent profondément".

Par la suite, Marinetti raccourcit l’œuvre en ne conservant que le second acte présenté comme une "synthèse futuriste". Celui-ci est représenté à Palerme en 1913 sous le titre Elettricità, puis à Milan et Bologne en 1914 sous celui de Elettricità sessuale et, en 1925, celui de Fantocci elettrici à Rome au Teatro degli Indipendenti d'Anton Giulio Bragaglia.

Résumé

Deux hommes poussent deux femmes au suicide

En villégiature sur la Côte d'Azur, Juliette Duverny se confie à Mary, l'épouse de l'ingénieur John Wilson: son cousin et son fiancé, l'officier de marine Paul de Rozières dont elle éperdument amoureuse, la délaisse et elle craint d'être trompée par lui car il cherche à séduire toutes les femmes. Alors que Paul s'apprête à prendre la mer pour une mission de six mois en mer de Chine, Juliette souffre de le voir joyeux et croit percevoir le commencement d'une liaison entre Mary et lui. La mère de Juliette, Rose Duverny, tente de faire renoncer sa fille à son amour pour Paul et de la convaincre d'épouser un jeune homme riche, Jacques Jolivet. De désespoir, Juliette se jette dans la mer.

Le deuxième acte se déroule un an plus tard, dans la maison de John et Mary Wilson, elle aussi sur la Côte d'Azur. Deux automates créés par l'ingénieur, baptisés Madame Prunelle et Monsieur Prudent, représentent un vieux couple : un magistrat chauve et bedonnant, en pyjama et en pantoufles, et une femme aux cheveux gris qui ressemble à Rose Duverny et fait du crochet. John Wilson les a programmés pour tousser et ronfler de façon inattendue, pour les surprendre et se rappeler le temps où Mary et lui s'embrassaient en cachette. C'est un soir d'orage, l'atmosphère est lourde et chargée d'électricité, et John reproche à sa femme d'être si troublée dans ces moments-là qu'elle pourrait se laisser prendre par n'importe quel séducteur. Il profite d'un moment d'obscurité pour se faire passer pour Paul et l'embrasser par surprise. Voyant que Mary ne supporte plus la présence des automates, il décide de les jeter par la fenêtre. Mais des pêcheurs qui ont vu la scène croient qu'il s'agit de cadavres dont John s'est débarrassé en les jetant à la mer. Ils font irruption dans la maison. Les automates sont retrouvés, John montre qu'il s'agit de fantoches et les pêcheurs le prennent pour un fou.

Le lendemain matin, Mary reçoit une lettre de Paul qui annonce son retour. Son mari lui arrache la lettre, tous deux se disputent, se réconcilient au souvenir de leurs moments intimes, mais John décide de quitter immédiatement la maison avec Mary, en interdisant à celle-ci d'attendre la venue de Paul. Il déclare à Mary qu'il l'aime moins, même s'il la désire toujours, puis part à la rencontre de Paul. Celui-ci arrive, est reçu par Mary, et tente de la séduire. Malgré ses résistances, il parvient à l'embrasser. John revient, sort un revolver de sa poche, le confie à sa femme qui le retourne contre elle et se tue.

Date de composition
1905

Première représentation

Turin, Italie, 15/09/1909 -

Teatro Alfieri, compagnia Eroica (Andrea Maggi)

Publications et traductions

Publication

Filippo Tommaso Marinetti, Poupées électriques, drame avec une préface sur le futurisme. Paris : E. Sansot & Cie, 1909

Traductions
  • Filippo Tommaso Marinetti, Elettricità sessuale. Milano: Facchi editore, 1920.

    (Italien)
Langue
Français
Tonalités littéraires
Dramatique
Public
Non spécifié
Licence
Domaine public

Mots-clés

Techniques théâtrales

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