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La Crèche
Drame populaire au patois de Besançon
La deuxième moitié du 18e siècle voit se multiplier, dans plusieurs pays européens, des représentations de la Nativité en marionnettes où des personnages d'inspiration populaire se mêlent à ceux du Nouveau Testament. En Franche-Comté, où une riche tradition de cantiques de Noël en dialecte s'est développée depuis la fin du 17e siècle, la première mention d'un jeu de crèche en marionnettes apparaît en 1799, dans un rapport de police qui relève que des propos critiques contre un édile local ont été tenus par les marionnettes de Joseph Landriot, tailleur de pierre. L'écrivain Charles Nodier (1780-1844), natif de Besançon, fait longuement l'éloge de ce spectacle dans son essai "Les marionnettes" (Revue de Paris, 1842-1843), mais celui-ci est peu fiable sur le plan historique.
Le nom du personnage principal de la crèche comtoise, Barbisier (ou Barbizier), reprend celui d'un vigneron du 16e siècle connu pour avoir protesté contre le prix fixé par les autorités pour l'achat du vin et la misère dans laquelle vivaient les vignerons qui n'étaient pas propriétaires de leurs vignes. Le spectacle de la crèche, entrecoupé de différents cantiques de Noël, était joué en franc-comtois pour les rôles de Barbisier, de sa femme Naitouère et du Compère, tandis que les autres personnages parlaient en français. Le texte n'était qu'en partie fixé, chaque marionnettiste pouvant l'adapter en fonction de son public et de l'actualité du moment pour se faire le porte-parole de revendications populaires.
L'existence de cinq crèches concurrentes est attestée en 1815. Les marionnettes peuvent être de différents types: à tringle et à fils, mécaniques, ou à manche. À partir de 1880, la Crèche franc-comtoise a aussi été jouée "en personnages", par des acteurs. Le texte ici publié est celui retranscrit par le chanoine Auguste Bailly, publié une première fois en 1865 dans Les Annales franc-comtoises.
Le protagoniste critique ses concitoyens venus rendre hommage à Jésus
Après que les anges ont annoncé aux bergers la naissance de Jésus, Barbisier est réveillé par le Compère qui lui montre l’étoile de Bethléem. Tous deux partent interroger un astronome sur ce miracle, puis Barbisier revient chercher sa femme Naitouère pour l'emmener voir l'enfant Jésus. Tous deux se disputent jusqu'à leur arrivée.
Au deuxième acte, entre l’adoration des bergers et celle des rois mages, différents personnages se présentent, plus ou moins bien reçus par Barbisier : après avoir exprimé sa gratitude pour la religieuse qui l’a soigné à l’hôpital, il se fâche contre l’avocat qui veut lui faire payer trop cher ses services, et se moque de la veuve qui, tout en toussant, demande à la vierge Marie de lui trouver un nouvel époux. Puis Barbisier est invité à déjeuner par deux moines qui lui ferment la porte au nez. Il se dispute avec un chaudronnier qui a mal travaillé, puis avec un petit ramoneur qui se moque de lui, enfin avec une femme coquette qui meurt subitement, frappée par la foudre.
La pièce s'achève par l'arrivée des rois mages et un cantique chanté par Barbisier, Naitouère et le Compère. Vient ensuite un sermon en franc-comtois et une grande procession.
Première représentation
Première représentation attestée
Publications et traductions
La Crèche, drame populaire au patois de Besançon, recueilli d'après les traditions locales par M.A.B., 4e édition. Besançon : Jules Roblot, 1869.
Jean Garneret, La Crèche et le théâtre populaire en Franche-Comté. Besançon: Folklore comtois, 1974.