Techniques d’animation

Marionnette à gaine

Peut-être venues de Chine par la Route de la Soie, les marionnettes à gaine font leur apparition en Europe au Moyen-Âge. Leurs plus anciennes représentations connues sont deux miniatures de Jehan de Grise, réalisées entre 1338 et 1344 dans un exemplaire du Roman d'Alexandre aujourd'hui conservé à la Bodleian Library (Oxford). L'une représente deux marionnettes de chevaliers combattant à l'épée dans un castelet, devant un public masculin. L'autre montre, devant un public féminin, un castelet où la marionnette d'un homme menace avec un gourdin celle d'une femme. Il s'agit donc dans les deux cas d'un répertoire profane, épopée ou farce.

Les marionnettes à gaine, aux 17e et 18e siècles, sont utilisées pour des spectacles de rue joués dans un castelet par un seul marionnettiste, accompagné d'un bonimenteur ou d'un musicien. Le répertoire, très simple, emprunte à la Commedia dell'arte le masque de Pulcinella, qui devient Polichinelle en France et Punch en Angleterre. Le héros, dont la voix est déformée par le sifflet pratique (une lamelle placée dans la bouche de marionnettiste, contre le palais), combat tour à tour les autres personnages: ses proches d'abord, puis les figures de l'autorité (gendarme, juge, bourreau), enfin la Mort ou le Diable.

Au 19e siècle, la marionnette à gaine sert à mettre en scène de nouveaux répertoires plus diversifiés, interprétés dans des castelets de plus grandes dimensions, et avec un fort enracinement régional: ainsi naissent les figures de Guignol (Lyon), Gianduja (Turin), Fagiolino (Bologne), Hanneschen (Cologne), Dom Roberto (Portugal), et tant d'autres.

Spectacle populaire, généralement comique, la marionnette à gaine suscite aussi l'intérêt d'auteurs tels que Maurice Sand, Louis-Edmond Duranty, Federico Garcia Lorca ou Pierre Albert-Birot. Elle reste l'instrument classique des marionnettistes qui font vivre l'héritage des répertoires traditionnels.

  • Gravure représentant un homme avec un tricorne jouant du violon devant un castelet où un marionnettiste fait jouer deux marionnetttes à gaine.

    I burattini, gravure de Giovanni Valpoto d'après Francesco Maggiotto, vers 1765.

    © British Museum
  • Lettrine issue d'un manuscrit montrant une assistance de trois personnes regardant un castelet et deux marionnettes, dont l'une porte un gourdin.

    Jehan de Grise, miniature pour Le Roman d'Alexandre, 1338-1344.

    © Bodleian Library, Oxford.
  • Dessin représentant un homme en vêtements amples et rayés, portant une cape et un grand chapeau ainsi qu'une flûte à la main droite, en train de chanter devant deux marionnettes en arrière-plan.

    Dessin de Jean Bérain, 1679.

    © British Library.
  • Une marionnette à gaine avec un visage d'homme.

    Marionnette à gaine utilisée par Louis Edmond Duranty dans certaines de ses pièces.

Œuvres