Le Déménagement de Guignol est la pièce la plus célèbre du répertoire lyonnais: on l'attribue traditionnellement à l'inventeur du personnage, Laurent Mourguet. Très souvent représentée, l'oeuvre est aussi célèbre en raison des difficultés qu'elle pose pour la manipulation: les marionnettistes doivent, sur un rythme soutenu, faire transporter meubles et objets par les marionnettes. Cette scène, clou du spectacle, est celle qui se prête le plus aux improvisations.

Il existe pour l'essentiel deux versions traditionnelles de la pièce. La première est celle publiée par Jean-Baptiste Onofrio dans le premier volume de son Théâtre lyonnais de Guignol (1865), à partir des manuscrits de Vuillerme-Dunand qu'il a pu consulter et qu'il a partiellement réécrits. La deuxième est celle que Louis Josserand publie en 1876: Le Déménagement de Guignol, de Laurent Mourguet, arrangé par son petit-fils Louis Josserand. C'est cette dernière que nous décrivons ici.

À la différence de celle d'Onofrio, cette version ne comporte ni le long monologue introductif dans lequel Guignol évoque ses différents métiers, ni sa dispute avec Madelon, ni le dénouement final. La dimension scatologique, en revanche, y est plus appuyée, ce qui laisse à penser que le texte est plus proche du spectacle d'origine.

Le dialogue entre le propriétaire et Guignol, qui lui demande des nouvelles de toute sa famille et de sa chienne, est clairement imité de la scène de Monsieur Dimanche dans le Dom Juan de Molière.

Vautour, le propriétaire de l'appartement de Guignol, se plaint de difficultés financières dues au fait que ses locataires ne payent pas leur loyer. Il vient pour réclamer à Guignol le paiement de plusieurs mois de retard, mais celui-ci, après s'être longuement moqué de lui, refuse. Gnafron aide Guignol à chasser Vautour. Tous deux, craignant que Vautour ne fasse saisir les meubles de Guignol, les déménagent puis décident d'aller boire ensemble.