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Auteur(s)
Noa
Une conversation marionnettique en style "snap-shot"
Noa (Nan-an) est l'un des intermèdes du vaste cycle du Drama for Fools (Le Théâtre des fous) qui occupe intensément Craig en 1916-1918, et qui devait compter 365 courtes pièces à jouer comme un spectacle itinérant, du 1er avril au 31 mars, chaque soir une nouvelle pièce dans un nouveau lieu. S'il s'est interrompu avant d'achever ce cycle et s'il a renoncé à le représenter lui-même, Craig, qui signe ses pièces du pseudonyme de Tom Fool, a conservé ses ébauches sous la forme d'une collection de cahiers dactylographiés, aux couvertures calligraphiées dans différentes couleurs et richement illustrés, dans trois coffrets cartonnés. Très attaché à ces cahiers, il les a repris, corrigés, enrichis jusque dans les années 1950. Cette collection est aujourd'hui la propriété de l'Institut International de la Marionnette (Charleville-Mézières).
Présenté par Craig comme "Non pas le plus petit drame du monde mais le deuxième plus petit" (le plus petit étant Yes, du même auteur), l'intermède est dédié à l'actrice et chanteuse Yvette Guilbert ainsi qu'au poète Stéphane Mallarmé. Le comique joue sur l'entremêlement burlesque des langues anglaise et française au sein d'une même phrase : une situation familière à Craig qui, après avoir quitté la Grande-Bretagne en 1903, a constamment évolué dans des cercles internationaux sans maîtriser aucune langue étrangère.
L'allusion au Mephistopheles de Goethe, qui se présente comme "der Geist der stets verneint!" (l'Esprit qui toujours nie!, Faust I, v. 1338), est évidente.
Une femme oppose son refus à tout
Théophile Hippolyte Sébastien Lacroix, en visite chez Marianne Larue, lui fait différentes propositions de sortie qu'elle repousse tour à tour d'un simple "noa" (nan-an). Restée seule après le départ de Théodore, Marianne continue de répondre de la même façon à tous les bruits de l'extérieur qui se font entendre, même quand le rideau descend et les lumière du théâtre s'éteignent. Par transparence, le rideau laisse apercevoir la silhouette de Marianne qui grandit démesurément. La pièce s'achève par le sifflement ironique et "vulgaire" d'une jeune garçon.
Éditions et traductions
Edward Gordon Craig, The Drama for Fools / Le Théâtre des fous. Montpellier: L'Entretemps, 2012.
Edward Gordon Craig, The Drama for Fools / Le Théâtre des fous. Montpellier: L'Entretemps, 2012.
(Français)