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84 pages
Auteur(s)
Mystic Luna Park
Conçu comme une série d'"expériences dramatiques", Mystic Luna Park se présente sous la forme d'un enchaînement de tableaux traversés de courtes évocations poétiques, hommages à des oeuvres littéraires, picturales ou cinématographiques. "Grumeaux de vie", les petites marionnettes "idéophores" du Teatro dei Sensibili font apparaître tour à tour, comme les numéros d'un spectacle de music-hall, ces personnages réels ou imaginaires immobilisés dans une réplique ou un geste, et mêlés (voire fusionnés) avec des artistes de cirque ou d'opéra: acrobates, nain, géant, musiciens, cantatrices... Certaines des marionnettes, anonymes, font office de serviteurs de scène, de meneurs de jeu, ou bien animent de brefs intermèdes.
Après la première représentation donnée au siège du journal La Stampa (Turin) dont Ceronetti était un collaborateur régulier, le spectacle a été présenté à Sanremo (Palazzo Municipale), Lugano (Studio La Foce), Milan (Salone Pier Lombardo) et Florence (Teatro di Cestello). Le metteur en scène Egon Paszfory (pseudonyme de Ceronetti) n'a conservé pour la dernière partie que le numéro du "Salto mortale suicida" (Saut périlleux suicidaire) qui figurait déjà dans le premier spectacle public du Teatro dei Sensibili, Omaggio a Luis Buñuel (1987). Plusieurs des personnages de Mystic Luna Park reparaîtront dans Viaggia, viaggia, Rimbaud! (Voyage, voyage, Rimbaud!) (1991).
Saynètes et brèves apparitions de figures célèbres ou inventées
Après une courte pantomime des marionnettistes vêtus et cagoulés de noir comme les koken des théâtres traditionnels japonais, la pièce commence par un "Acquario lunare" (Aquarium lunaire) où paraissent successivement Fiore di Palude (Fleur de marais), Gianni Attimo, le poisson Cristianetto Volante, Ofelia Morta et la Larva. Devenue le "Mystic Luna-Park", la scène voit se succéder Calpurnia criant qu'on assassine son mari Jules César, Lili Marleen sous la forme d'un manège de chevaux de bois qui chante des chansons de Marlene Dietrich, des clowns, puis Eterna, une acrobate vêtue de deuil. Vient ensuite le tableau du "Cabaret du Lapin Agile", avec Pierre Mac Orlan, la prostituée Assenzio, un Légionnaire et une Main gantée de rose, un nain et Salomé.
La partie centrale du spectacle, "Leggende urbane" (Légendes urbaines) commence par le "Notturno Milanese" (Nocturne Milanais) avec Maldoror, une vespasienne et ses usagers, une prostituée, des cantatrices. Devant l'inscription "Re AIDS venga il tuo Regno" (Roi sida que ton règne arrive), apparaissent El Loco (personnage d'un dessin de Picasso), Sifilidiana (personnage inspiré d'un dessin de Félicien Rops, d'un poème en prose de Baudelaire, et de Blanche dans Un tramway nommé Désir), Baptiste, Arlecchino Morto, puis on entend des voix chanter sur un rythme de rock. L'inscription "È in edicola La Voce della fogna" (La Voix de l'égout est en vente chez les marchands de journaux) lui fait suite: on entend les voix enregistrées du physicien Enrico Fermi et du poète Giuseppe Ungaretti, puis on voit paraître Merdumbo, le "clown de l'égout". Pendant "Primavera Berlinese" (Printemps berlinois), le pianiste Primavera joue un air de L'Ange bleu avant d'être interrompu par une nouvelle entrée de Calpurnia et un Cul-de-jatte, puis reçoit une pluie de pièces de monnaie. Cet épisode clôt le cycle des légendes urbaines.
La dernière partie, intitulée "Trasgressioni spaziali" (Transgressions spatiales), présente une série de numéros: le saut périlleux de deux soeurs, un couple dansant le tango, une danse d'éventails, une autre de sandwichs, un personnage à la recherche d'un siège qui se révèle être une chaise électrique, l'acrobate Urania, le manège Lili Marleen, Fiore di Palude, le fou Matt Fachin qui tente de briser à coups de tête le mur (inexistant) de l'infini, et finalement l'acrobate Eterna.
Première représentation
Salle des réunions du quotidien La Stampa.
Éditions et traductions
Mystic Luna Park. Spettacolo per marionette ideofore, ricordi figurativi di Giosetta Fioroni, Oderzo: Becco Giallo, 1988.