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35 pages
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The Ventriloquists Convention
The Ventriloquists Convention s'inspire d'un événement public annuel dans le Kentucky, la Vent Haven International Ventriloquist Convention, une occasion pour des milliers de ventriloques des États-Unis et d'ailleurs de présenter leur travail et de nouer des relations professionnelles. Dans le procédé de création, Dennis Cooper a travaillé en étroite collaboration avec la metteuse en scène Gisèle Vienne et les acteurs, selon le processus de l'écriture de plateau. Le texte met en scène une convention de ventriloque de manière fictivement réaliste. La scène est une salle de congrès, et les ventriloques conversent entre eux, impliquant même leurs marionnettes. Peu à peu, cependant, les voix se multiplient et, outre les voix des marionnettistes et de leurs marionnettes, on entend une "troisième voix", émanation du moi intérieur des marionnettistes. La troisième voix rend le dialogue plus complexe, donnant un aperçu de ce que les ventriloques pensent inconsciemment. Le texte sonde ainsi la mentalité derrière ce travail artistique singulier, étudie la relation entre la marionnette et l'animateur et explore un thème souvent traité par la metteuse en scène Gisèle Vienne, la relation entre le corps et la voix, émanations stratifiées de la psyché.
Un colloque de ventriloques
Des collègues artistes se rencontre à la convention annuelle de ventriloquie. Les protagonistes incarnent de bien curieux clichés : le bonimenteur qui a vaincu America’s Greatest Talent, une guest star française, un travesti, la riche héritière du fameux ventriloque Klaus Kraus (inspiré d’un ventriloque américain, Edgar Bergen, célèbre pour son show télévisé dans les années ‘50). Pour jouer ses gags bien réglés, chacun a apporté sa propre marionnette, une figure à chaque fois cocasse: une mante religieuse, un coussin, la reproduction de Kurt Cobain…. Après quelques scènes, cependant, l’atmosphère faussement détendue de la Convention se transforme en laissant transparaître des bizarreries discordantes et des tensions. Les ventriloques subissent progressivement un dédoublement, voire un triplement de leur personnalité. Ils sont non seulement comme absorbés par leur marionnette, mais aussi possédés par leur propre voix intérieure, une voix qu'ils émettent par leur pratique de ventriloque. Chaque numéro joué par les ventriloques échoue, en se transformant en une scène affolante qui exprime la désolation de leur vie, enracinée dans une enfance troublée.