Cette publication très précoce dans le domaine germanique témoigne de la circulation du répertoire des marionnettes à gaine dans toute l'Europe. Le protagoniste s'appelle Polichinell, à la française - et à la fin de la pièce, il s'attend même à recevoir la légion d'honneur pour avoir tué le Diable. Mais la succession des scènes et même le format de la publication, un cycle d'illustrations accompagnées du texte de la pièce, trahissent l'influence des spectacles de Punch, que les gravures de George Cruikshank pour The Tragical Comedy, or Comical Tragedy, of Punch and Judy avaient popularisés dans toute l'Europe. Polichinell annonce également, quelques années plus tard, le Wahrhaftiges Casperltheater de Carl Reinhardt. La mention Kleinkinderbuch (livre pour petits enfants) atteste quant à elle l'évolution du théâtre de marionnettes vers les jeunes publics. En 1858, l'ouverture à Munich d'un théâtre spécifiquement adressé aux enfants par le marionnettiste Josef Leonhard Schmid (avec la collaboration du dramaturge Franz von Pocci) confirmera cette tendance dans les pays allemands.

Polichinell se dispute avec Pierrot et le tue à coups de bâtons. Puis il tue un nourrisson qui le dérangeait par ses hurlements, ainsi que la nourrice Gänsehals. Polichinell montre plus d'affection pour son chaton, mais manque l'étouffer en le nourrissant sans ménage. L'apothicaire survient, alerté par les cris qu'il a entendus dans la maison : Polichinell finit par le tuer lui aussi, parce qu'il a suggéré que sa bosse est peut-être une malformation qu'il faudrait opérer. Le commissaire de police Spürnase vient à son tour voir ce qui se passe dans la maison et subit le même sort, de même que deux gendarmes, venus pour arrêter Polichinell. Le bourreau Knüpfauf, quant à lui, est pendu par Polichinell à sa propre potence. Le Diable apparaît enfin, Polichinell se défend - et au moment où son adversaire le tient pour mort, il se relève soudain... et l'élimine d'un seul coup de bâton.