Imprimé
10 pages
Auteur(s)
Un instant suicidaire
Concerto pour marionnettes à la mémoire d'un ange
Le texte fait partie du recueil La Conjecture de Babel et autres textes qui rassemble sept pièces, écrites entre 1976 et 1996, ayant toutes pour sujet la marionnette elle-même. En 2005, Un instant suicidaire reçoit l’aide à la création dramatique de la Direction de Musique de la Danse, du Théâtre et des Spectacles. Le texte écrit par Éloi Recoing a été traduit en italien par Armando Lo Monaco sous le titre Un istante suicida, et en allemand par Corinna Popp sous le titre Ein Augenblick von Todeslust.
Éloi Recoing met en scène sa propre pièce qu'il qualifie d’"opéra marionnette". Pour ce texte dédié à la "mémoire d'un ange", et qui évoque le suicide d'une jeune fille, il s’inspire de l’esthétique du bunraku japonais : deux marionnettistes, une récitante, et la musique composée par son fils, David Recoing. La marionnette de Clara, l'adolescente suicidée, a été conçue par Maryse Le Bris. Des vidéos d’adolescents projetées en fond de scène participent à la poétique funèbre de la pièce. La didascalie liminaire précise que le lieu de l'action est un édifice de mémoire. Dans sa note d'intention, l'auteur indique que « le théâtre devient le lieu de sa possible résurrection » ; il ajoute que les récits de sa mort " esquissent en creux une image du bonheur ".
Les conséquences d'un suicide sur ceux qui restent
Clara, une jeune adolescente, s’est donné la mort. Le lendemain, l’Arpenteur interroge plusieurs de ses proches pour en comprendre les circonstances. En cherchant les raisons de son acte, il tente aussi de saisir celles qui le motivent lui-même à vivre. Chacun des proches de Clara décrit des souvenirs avec elle et dessine des récits contradictoires de ses derniers instants. Dylan, son petit-ami, confie avoir ressenti chez elle, l’absence de son désir de vivre. Depuis l'au-delà, Clara perçoit cette même absence chez d'autres personnes. Elle entend la chanson que fredonne Dylan pour elle, l’interpelle, mais demeure invisible à ses yeux. Adrien, Pierre et Sylvain, dont le métier est d'allumer des feux, racontent avoir vu Clara avec le Passeur. L'action fait un retour en arrière, et Clara demande au Passeur de choisir le moyen de sa mort, puis le chœur des Naïades décrit sa noyade dans le fleuve. L’Arpenteur demande au Passeur de ramener Clara d’entre les morts. Après que l'Arpenteur ait résolu une énigme, le Passeur permet à tous ses proches de la voir une dernière fois. Clara apparaît et constate leur souffrance, mais leur assure être plus heureuse morte que vivante.
Première représentation
Théâtre aux Mains Nues, Paris 20e, mise en scène d'Éloi Recoing
Éditions et traductions
Eloi Recoing, La Conjecture de Babel et autres textes, Arles : Actes-Sud, 2016.