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Une partie de whist
Pièce en un acte et en prose
A Paris, le cabaret du Chat Noir organise des spectacles d’ombres pendant presque onze ans. L’« inauguration des ombres japonaises » est annoncée le 26 juin 1886 dans la revue. Le théâtre d’ombres est pourtant en activité depuis déjà quelque temps car la même annonce précise que L’Éléphant en est à sa 195ème représentation. Jusqu’à la mort du fondateur du cabaret, Rodolphe Salis, en mars 1897, le théâtre du Chat Noir, techniquement conçu par le peintre-décorateur Henri Rivière, présente presque une quarantaine de pièces. A l’instar des cafés concerts, puis comme le feront d’autres établissements de variétés et les music-halls, le Chat Noir offre des soirées éclectiques où s’alternent des pièces aux registres et aux formats variés : « outre la pièce principale, chaque spectacle comprenait de petits levers de rideau, de jolies fantaisies, en trois ou quatre tableaux ». Trois types de pièces constituent le répertoire du Chat Noir : les pièces chantées, les pièces récitées et les pièces bonimentées.
Une partie de whist est présentée dans un programme du cabaret par un texte en prose dont la typographie travaillée et le style alerte constituent une œuvre en soi. On ne sait pas si ce texte était récité tel quel, partiellement repris par le bonimenteur ou uniquement destiné au lecteur du programme. Son écriture est comparable à celle des contes et nouvelles publiés dans la revue du cabaret.
Dans Le Journal des débats politiques et littéraires (9 janvier 1888), le critique Jules Lemaître décrivait et commentait ainsi le graphisme des figures : « La scène représente la silhouette d’un navire, avec les découpures fines et aiguës des machines, des mâts et des cordages, - pareilles aux rencontres de lignes d’un jeu de jonchets. Dans un salon de l’arrière, quatre personnages jouent au whist [...]. On les sent Anglais, et beaucoup plus clairement que si l’on voyait leurs yeux, leurs traits et la couleur de leurs visages. Car ce qui fait qu’un homme est Anglais, [...] c’est un certain habitus corporis [...]. L’ombre chinoise, ne rendant que cet habitus, doit donc, par là même, exprimer avec une puissance singulière le caractère ethnographique de l’individu. »
Des joueurs poursuivent coûte que coûte leur partie
Quatre personnages jouent au whist. Assis autour d’une table, profondément absorbés par le jeu, ils font des gestes rapides et échangent des paroles inintelligibles. En retrait, un cinquième personnage surveille une théière. Une lampe au plafond ne cesse de se balancer. On apprend que les cinq personnages sont britanniques. Leurs gestes s’accélèrent. Dehors, une tempête fait rage, des pirates attaquent, le navire explose. Les personnages continuent à jouer au whist. Leur cabine surnage encore quelque temps puis coule. La partie continue.
Première représentation
Théâtre d'ombres du Chat Noir
Éditions et traductions
« Une partie de whist, pièce en un acte et en prose par Sahib », texte imprimé dans un programme du théâtre du Chat noir, imprimé à Paris, par Charles Blot, non daté, exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France (4-RO-14876).