Manuscrit
Sultan Achmet
Sultan Achmet fait partie d'un corpus de pièces mettant en scène Torello, le héros d'un chapitre du Décaméron de Boccace (1313-1375). La pièce est attestée pour la première fois en 1717 à Prague, où elle est représentée par le marionnettiste Franz Deppe. Elle connut une grande popularité auprès des marionnettistes jusque dans la deuxième moitié du 19e siècle. Le manuscrit retenu ici appartenait à la famille Bonneschky, qui avait elle-même été à l'école du marionnettiste Franz Anton Lorgie (1765-1853). Cette copie d'un texte manuscrit plus ancien a été réalisée vers 1880. Le cahier fut offert au collectionneur Arthur Kollmann en 1891 par la veuve Auguste Bonneschky (1827-1892). Il se trouve aujourd'hui dans la Puppentheatersammlung de Dresde (D4-646).
Jockerle, un personnage stupide et bègue qui apparaît dans la pièce, correspond à une autre figure comique du répertoire traditionnel, celle de Pimperle : c'est la marionnette de Pimperle qui était utilisée pour le rôle de Jockerle.
De retour d'une longue absence, un homme empêche le remariage de sa femme
Le sultan Achmet et son frère Mustapha délibèrent du sort qu'il faut réserver à leurs prisonniers chrétiens. Achmet veut en sacrifier certains au dieu Mohamed, tandis que Mustapha le déconseille, parce que l'un et l'autre ont autrefois été secourus par des chrétiens. Mais les lois du pays exigent d'Achmet qu'il sacrifie les chrétiens. Casper, qui a tiré le plus petit chiffre aux dés, va être sacrifié en premier. Mais il fait preuve d'une telle imbécillité qu'on décide de l'épargner. Puis c'est Thorello qui perd aux dés, et qui doit donc être sacrifié. Le sultan reconnaît en lui le prince qui l'a secouru à Pavie, il y a huit ans de cela, et lui rend la liberté. Jockerl, le fils de Casper, vient au palais pour se renseigner, à la demande de sa mère, sur le sort de son père. En réalité, la mère, qui s'était remariée, n'avait fait faire le voyage à son fils que pour se débarrasser de lui, en espérant qu'il mourrait en chemin. Jockerl explique que la princesse Rosothea, épouse de Thorello, doit elle aussi se remarier.
Quand Casper retrouve son maître Thorello, qu'il croyait mort, il lui fait aussitôt part du projet de remariage de son épouse. Le Sultan propose alors à Thorello l'une des femmes de son harem. Thorello refuse et le sultan lui permet de retourner à Pavie, par magie, en l'espace de vingt-quatre heures. Casper et Jockerle se comportent si mal avec le magicien qu'ils sont obligés de faire le voyage à dos de dragon. A Pavie, la princesse Rosothea se plaint de son sort : on lui destine le comte Zittonio pour époux, mais plutôt que de l'épouser, elle préfèrerait se retirer au couvent. Elle découvre que Thorello est revenu de sept ans de captivité. L'un et l'autre sont à nouveaux réunis. Casper retrouve Gretel qui, ne le reconnaissant pas, dit du mal de lui. Quand Casper lui donne une gifle, elle va chercher son nouveau mari, Domerle. Jockerle met le feu aux vêtements de ce dernier, puis se joint à Casper pour le rouer de coups.