Le manuscrit est signé par Angelo Cuccoli sur la couverture. Sur la troisième page, l'auteur donne des informations sur la première représentation du texte et parle d'une "réduction à l'usage des marionnettes à gaine". En effet, le texte est un résumé du drame historique Brescia e Venezia ossia Luigi Gambara e Maria da Brescia nelle carceri del Ponte dei Sospiri in Venezia, un texte théâtral anonyme publié en 1868 à Milan et qui a beaucoup inspiré les marionnettistes de l'Italie du Nord. Il convient de noter que la première version imprimée de ce drame historique est postérieure au manuscrit de Cuccoli, ce qui permet de supposer que ce dernier s'est plutôt inspiré d'une de ses représentations.

Le manuscrit d'Angelo Cuccoli se présente sous la forme d'un long résumé, sans dialogue. Il a été retranscrit par l'historien et bibliothécaire Albano Sorbelli (1875-1944) dans la revue L'Archiginnasio. Il comporte aussi une série d'informations sur la représentation : "Réduction d'Angelo Cuccoli à l'usage des marionnettes à gaine, exécutée la première fois en collaboration avec son père et Andrea Ludergnani (masque de Giupin) sur la place Vittorio Emanuele II le soir du 12 juillet 1865 ; la deuxième fois sur la place De Marchi le 7 août 1882 avec Augusto Galli". La place Vittorio Emanuele II est l'actuelle Piazza Maggiore à Bologne. Pendant longtemps, la famille Cuccoli a gardé son castelet sous les arcades du palais du Podestà, donnant sur la Piazza Maggiore.

Luigi Gambara et Maria da Brescia sont heureux en ménage. Le méchant Alvise profite de l'absence de Luigi pour tenter de séduire Maria. Faggiolino, le serviteur de la maison de Luigi, s'en aperçoit et lorsque Luigi revient, il le met en garde. Luigi découvre Alvise dans la chambre de sa femme Maria en train de lui parler d'amour. Alvise le provoque en duel, mais il est blessé et s'enfuit en promettant de se venger. Après s'être assuré de l'innocence de Maria, Luigi décide de l'emmener loin de Brescia pour qu'elle trouve protection à Venise. Alvise les devance et se rend auprès de l'Inquisiteur pour accuser Luigi de vouloir commettre un attentat contre la République vénitienne. Luigi est emprisonné et condamné à mort, mais son serviteur Faggiolino lui fournit l'argent nécessaire pour soudoyer le geôlier Brighella, puis il l'attend avec une gondole sous le pont des Soupirs pour lui permettre de s'échapper. Luigi se venge d'Alvise en le tuant. Il s'apprête à tuer aussi Maria, mais il en est empêché par l'arrivée de sa fille.