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32 pages
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Le Déménagement
Version Onofrio
Le Déménagement est la pièce la plus célèbre du répertoire lyonnais: on l'attribue traditionnellement à l'inventeur du personnage, Laurent Mourguet. Très souvent représentée, l'oeuvre est aussi célèbre en raison des difficultés qu'elle pose pour la manipulation: les marionnettistes doivent, sur un rythme soutenu, faire transporter meubles et objets par les marionnettes. Cette scène, clou du spectacle, est celle qui se prête le plus aux improvisations.
Il existe pour l'essentiel deux versions traditionnelles de la pièce. La première est celle publiée par Jean-Baptiste Onofrio dans le premier volume de son Théâtre lyonnais de Guignol (1865), à partir des manuscrits de Vuillerme-Dunand qu'il a pu consulter et qu'il a partiellement réécrits. C'est celle que nous décrivons ici.
La deuxième, beaucoup plus courte, mais sans doute plus proche du spectacle d'origine si l'on en juge par sa dimension scatologique plus appuyée, est celle que Louis Josserand publie en 1876: Le Déménagement de Guignol, de Laurent Mourguet, arrangé par son petit-fils Louis Josserand. Jean-Baptiste Onofrio, en effet, affirme lui-même dans sa préface qu'il a choisi de ne "conserver aucun" des endroits dans lesquels Mourguet "renversait la salière", c'est-à-dire usait trop abondamment du "sel de la vieille Gaule". C'est pourquoi il ne décrit pas les jeux de scène et les plaisanteries avec la vase de nuit et le clystère, qu'on trouve en revanche dans la version de Josserand.
Le héros déménage tous ses biens pour qu'ils ne soient pas saisis
Guignol, dans un long monologue, expose ses problèmes d'argent: canut, il a un jour par accident abîmé une pièce de tissu qu'il devait livrer et n'a pas été payé, ce qui a causé une dispute avec sa femme Madelon. Puis il a exercé différents métiers, toujours sans succès, et il redoute à présent la venue de son propriétaire Canezou, à qui il doit neuf mois de loyer. Il se dispute une nouvelle fois avec Madelon. Canezou arrive en se plaignant lui aussi de ses problèmes financiers et réclame à Guignol le paiement du loyer, mais celui-ci se moque de lui. Canezou part en annonçant qu'il va revenir avec le Bailli, des huissiers et la maréchaussée pour faire saisir les biens de Guignol. Gnafron exprime sa solidarité avec Guignol et accepte de l'aider, ainsi que Madelon, à déménager leurs affaires dans sa soupente. Tous trois transportent meubles et ustensiles dans une scène improvisée. Canezou revient avec le Bailli, un Brigadier et un Gendarme. Guignol les bat mais il est finalement arrêté. Il raconte alors qu'il a douze ans plus tôt sauvé trois hommes de la noyade. Canezou, le Bailli et le Brigadier se reconnaissent l'un après l'autre dans cette histoire, et congratulent leur sauveteur. Canezou, en signe de reconnaissance, cède à Guignol la propriété de sa maison.
Éditions et traductions
Théâtre lyonnais de Guignol. Lyon: N. Scheuring, 1865
Théâtre lyonnais de Guignol. Marseille: Jeanne Laffitte, 1999.