La pièce est la première publiée par Pierre Albert-Birot depuis qu'il a rompu avec ses premières tentatives littéraires et, propulsé par sa revue SIC (1916-1919), s'est lié avec les milieux d'avant-garde : cubistes, futuristes, dadaïstes. Avec Guillaume Apollinaire, il fréquente le marionnettiste Gaston Cony qui dirige le « Guignol de la Guerre » dans le parc des Buttes-Chaumont et lui a proposé de monter sa pièce. Mais c'est le peintre et sculpteur Enrico Prampolini qui la met en scène à Rome et fait de ce spectacle une des plus célèbres réalisations théâtrales du futurisme italien.

Bien que la pièce ne comporte pas d'indications précises sur la technique d'animation, plusieurs jeux de scène sont caractéristiques des marionnettes à gaine. Tandis que Matoum, le vrai poète, récite des poèmes de Guillaume Apollinaire, Philippe Soupault, Max Jacob et Pierre Reverdy, Tévibar, le « faux poète », fait de même avec d'anciens poèmes de Pierre Albert-Birot, reniés par celui-ci.

Le Roi et la Reine de Mars attendent l'arrivée d'un être prodigieux, Matoum, mais celui-ci est précédé de son double, l'usurpateur Tévibar. Tandis que les poèmes récités par Matoum apportent la lumière et les couleurs sur la planète, ceux de Tévibar provoquent la mélancolie et la grisaille. Au cours des joutes entre les deux poètes, Tévibar fait s'évanouir la Reine et mourir le Roi, mais Matoum les ramène à la vie avant de s'envoler vers la Terre pour participer à la guerre.