
Imprimé
80 pages
Auteur(s)
Il Cajetto
Pour soutenir le prestige de sa famille, Angelo Maria Labia fait construire un petit théâtre d’apparat, le Teatro di San Girolamo, dans le quartier de Cannaregio à Venise, sur le modèle du théâtre de San Giovanni Grisostomo. Dans ce théâtre pour marionnettes règnent tissus et matières précieuses, et scènes et décors sont mus par des machines et engrenages extrêmement compliqués. Les musiciens, décorateurs et costumiers sont sélectionnés parmi les personnages les plus prestigieux de la ville; pour Il Cajetto, donné à l’occasion du Carnaval de 1746, Labia recourt au même personnel que pour Lo Starnuto d'Ercole et Eurimedonte e Timocleone: le livret d’Antonio Gori, qui s’accompagne d’une musique de Ferdinando Bertoni, est représenté avec les costumes de Natale Canziani, célèbre costumier des théâtres ordinaires, et les décors grandioses de Tommaso Cassani. Les chanteurs opéraient derrière la scène.
Labia fait imprimer au format in-24° les livrets des opéras pour les offrir à ses invités. Comme celui de Zanetti, celui de Gori indique la distribution des rôles entre les marionnettes comme s’il s’agissait de comédiens vivants, sous des noms imaginaires qui font référence à leur nature artificielle ("Antonio Bamboccio", "Maddalena Statuina", etc.).
Dans l’épître dédicace adressée "A Madama Gramatica", l’auteur indique qu’il a voulu écrire un drame dans lequel les acteurs soient des enfants, "pour se conformer à la petitesse des virtuoses qui doivent les représenter" – il s’agit de marionnettes actionnées d’en haut par des fils, d’en bas par des ressorts, et les références aux poupées sont récurrentes dans la bouche des enfants (II. 6, III. 5). Le spectacle montre deux apparitions ex machina: à la fin de l’Acte I, Diane apparaît dans son palais pour faire cesser les querelles entre les enfants; à la fin de la pièce, Apollon apparaît pour réconcilier les enfants et annoncer le salut d’Erippo. La pièce met en jeu une scène de travestissement qui permet une série d'équivoques homosexuelles comiques. Le couard Grino se charge de la valeur comique de la pièce.
Des jeunes enfants tentent de traiter avec l'envahisseur
Alors que la cité de Faleria est assiégée par le Romain Camillo, Erippo, qui enseigne à des jeunes gens, décide de trahir sa cité en remettant à Camillo les enfants de la noblesse falérienne comme otages; pour éviter d’être considéré comme traître, il fait en sorte que les enfants exécutent la trahison d’eux-mêmes, en prétendant que sa fille Cloridea a été enlevée par Camillo et son fils Quinzio. Cajetto, le frère de Cloridea et proclamé Roi des élèves, est résolu à sauver sa sœur en envoyant des ambassadeurs auprès de Camillo: il expose son plan à sa deuxième sœur Tulliola, qui s’inquiète pour son amant Fabiello, Grand conseiller des élèves. Elle parvient à persuader ce dernier de rester invisible: c’est donc Crispino et Grino qui sont nommés. Crispino refuse de trahir sa patrie en traitant avec l'ennemi: Cajetto le provoque en duel. Agripina s’inquiète elle aussi pour Fabiello qu’elle aime en secret. Diane retient Cajetto et Crispino qui s’apprêtent à se battre, et leur annonce que tout se produit selon les desseins des dieux.
Agripina demande à Cajetto de ne pas envoyer son frère Crispino: il accepte en lui déclarant son amour et décide d’envoyer Fabiello, ce qui fait le désespoir de la jeune fille. Tulliola se réjouit d’avoir sauvé son frère et son amant, mais Agripina lui annonce que Fabiello a été désigné ambassadeur. Pour détourner les recherches, Tulliola demande à Floruccio, venu lui déclarer son amour, de se charger de la mission auprès de Camillo. Fabiello, qui a surpris la conversation, se croit trahi par son amante et cesse de se dissimuler pour lui obéir: c’est lui qui partira. Pour prévenir son amant et s’offrir en otage, Tulliola, en habits d’homme, se rend auprès de Camillo. Alors que Grino, envoyé en éclaireur par Fabiello, lui annonce la rencontre d’un géant, Tulliola tente de le détourner de sa mission en se prétendant envoyée par Camillo, qui veut recevoir le Maître plutôt que les élèves.
Alors qu’Erippo est en entrevue avec Camillo, Floruccio fait courir le bruit d’une trahison de Fabiello pour se débarrasser de son rival. Crispino annonce que Camillo, dans sa grande générosité, refuse de prendre les enfants en otages et a dénoncé leur maître comme traître au Sénat falérien. Fabiello s’entretient avec Tulliola, qui le persuade de son amour: ils sont surpris par le jaloux Floruccio alors qu'ils s’échangent des vœux. Fabiello est recherché: Cajetto le fait jeter en prison. Alors que Tulliola tente de le libérer, les amants sont surpris. Floruccio annonce que le Sénat de Faleria ouvre les portes de la ville à Camillo pour le remercier de sa magnanimité: on craint pour Erippo et Cajetto veut se venger du sort de son père sur Tulliola et son amant. La scène se transforme, Apollon apparaît pour annoncer qu’Erippo obtiendra son pardon et enjoindre les jeunes gens à retourner à leurs études. La pièce s’achève avec trois mariages.
Première représentation
Teatro di San Girolamo
Éditions et traductions
Il Cadetto. Venezia: Luigi Pavini, 1746.