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60 pages
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Eurimedonte e Timocleone
ovvero I Rivali delusi
Pour soutenir le prestige de sa famille, Angelo Maria Labia fait construire un petit théâtre d’apparat, le Teatro di San Girolamo, dans son palais de Cannaregio à Venise, reproduisant en miniature le Teatro de San Giovanni Grisostomo. Dans ce théâtre pour marionnettes règnent tissus et matières précieuses, et scènes et décors sont mus par des machines et engrenages extrêmement compliqués. Les musiciens, décorateurs et costumiers sont sélectionnés parmi les personnages les plus prestigieux de la ville; pour Eurimedonte e Timocleone, ovvero I rivali delusi (Euridémonte et Timocléon, ou Les Rivaux déçus), donné à l’occasion de la Fiera delle Bagatelle en 1746, Labia recourt au même personnel que pour Lo Starnuto d’Ercole l’année précédente: le livret de Zanetti s’accompagne d’une musique de Johann Adolf Hasse dit le Saxon, maître de chapelle du Roi de Pologne, et c’est Natale Canziani, célèbre costumier des théâtres ordinaires, qui se charge des costumes. Les décors grandioses sont signés par Tommaso Cassani. Les chanteurs opèrent derrière la scène.
Labia fait imprimer au format in-24° les livrets des opéras pour les offrir à ses invités. Celui de Zanetti indique la distribution des rôles entre les marionnettes comme s’il s’agissait de comédiens vivants, sous des noms imaginaires qui font référence à leur nature artificielle ("Antonio Bamboccio", "Maddalena Statuina", etc.). Dans l’épître dédicace burlesque adressée "Au Roi des Lapons", l’auteur insiste sur la petitesse des personnages ici présentés – il s’agit de marionnettes actionnées d’en haut par des fils, d’en bas par des ressorts, avec une virtuosité qui permet par exemple de figurer une scène d’embarquement sur des navires (II.6). Le spectacle multiplie les décors grandioses: outre le port, on peut y voir le grand autel de Jupiter, un amphithéâtre majestueux, un temple gothique, les souterrains de l’Averne ou, dans la dernière scène, un salon orné de miroirs. Le chœur final accompagne un effet d’optique permis par une lanterne magique: la Cour s’ouvre sur les jardins royaux, qui laissent apercevoir un arc-en-ciel; l’ensemble se transforme à vue pour laisser apparaître le royaume de Flora.
La même année, le Teatro Labia monte Il Cajeto d’Antonio Gori; les années suivantes sont donnés Didone abbandonata de Metastasio en 1747 et Gianguir d’Apostolo Zeno en 1748. Après cette date, les représentations, trop coûteuses, sont abandonnées.
Une princesse doit choisir entre deux prétendants
Ipodamia, veuve du Roi d’Arménie, prie sa fille Aurinome de choisir entre ses deux prétendants, Eurimedonte et Timocleone, afin de pacifier le royaume. Elle met à l’épreuve leur amour, et ils rivalisent en paroles. Oronte, le général de l’armée, aime en secret Aurinome; Acrone le découvre et révèle cet amour à Ipodamia, résolue à l’empêcher pour ne pas voir sa fille aux mains d’un homme indigne d’elle et pour éviter la colère des princes contre le royaume. Au cours d’une chasse, Oronte sauve Aurinome de la gueule d’un lion; il lui déclare son amour. Aurinome réclame une récompense pour le brave général, mais Ipodamia et les deux prétendants minimisent son acte de bravoure.
Aurinome, amoureuse d’Oronte, donne rendez-vous aux princes sur l’autel du grand Jupiter. Comme elle les fait encore attendre, ils hésitent à s’embarquer avec leurs armées respectives, mais Ipodamia les persuade de demeurer. Aurinome demande à Oronte de la précéder au temple: il s’exécute, et elle lui demande alors de choisir entre ses deux prétendants.
Alors qu’Oronte ne sait que répondre, il est arrêté par Acrone. Aurinome promet de choisir entre ses prétendants en présence de tout le royaume. Alors qu’Eurimedonte et Timocleone, au bord de l’Averne, songent à se donner la mort, Acrone annonce la mort imminente d’Oronte. Dans le salon magnifique où l’on célèbre les noces royales, Aurinome demande aux princes de lui promettre de respecter son choix; Oronte arrive en armes, sauvé par ses partisans, et remet son sort entre les mains de la Princesse : elle le proclame époux et Roi.
Première représentation
Teatro San Girolamo
Éditions et traductions
Eurimedonte e Timocleone. Venezia: Luigi Pavini, 1746.