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Lo starnuto d'Ercole
Lo starnuto d’Ercole (L'Éternuement d'Hercule) est une pièce écrite spécifiquement pour marionnettes par Pier Jacopo Martello qui la définit comme une "bambocciata" et l’insère dans ses œuvres complètes. Les marionnettes, figurines de bois animées par des fils ou des ressorts, sont mises en scène face à un géant, Ercole (Hercule), dans un dispositif spectaculaire qui joue des effets de contrastes: les noms des Pygmées sont courts aussi bien que leur taille, et la longueur de leurs répliques ainsi que la casse typographique choisie pour sa première édition (Bologne, 1723) miment cette petitesse, face à un Ercole qui s’exprime en caractères de taille normale. Par cette pièce, Martello semble avoir donné l'acte de naissance de la marionnette à fils en Italie.
Après une première représentation en 1717 à Rome, la fortune de la pièce se poursuit: Carlo Goldoni raconte dans ses Mémoires qu’il l'a représentée en 1726 chez le Comte Lantieri, avec une marionnette géante pour tenir le rôle d’Ercole.
Surtout, l'oeuvre fait l’objet d’une adaptation pour le Teatro di San Girolamo des Labia à Venise au Carnaval de 1745 (selon son édition) ou 1746 (selon les historiens), qui est celle décrite ici. La pièce ne comporte plus cinq actes, mais trois; Ercole n'apparaît désormais que sous la forme d'un nez et d'une main, sans doute ceux d’un acteur de chair et d’os.
Angelo Maria Labia (1709-1775) fait construire ce luxueux théâtre miniature, où scènes et décors étaient mus par une machinerie compliquée, dans son palais du quartier de Cannaregio, sur le modèle du théâtre de San Giovanni Grisostomo. Il servait pour des représentations privées à l'époque du carnaval. À l’occasion des spectacles, Labia offrait à ses invités les livrets imprimés au format in-24°. Les chanteurs oeuvraient derrière la scène, laissant les planches aux marionnettes. Pour cette représentation, à laquelle assistait la Duchesse de Modène, la musique était composée par Johann Adolf Hasse dit le Saxon, maître de chapelle du roi de Pologne, les chœurs par Andrea Adolfati, et les décors étaient de Tommaso Cassani.
Un géant renonce à user de sa puissance
Kom, le Roi de la cité de Polimicra, annonce à son peuple qu’un géant foule leur terre: il promet sa fille à qui le vaincra et Occe, amoureux de Nec, se propose en champion. Nec, qui feint l’insensibilité, aime en secret le géant Ercole (Hercule). Vam, le général des Pygmées, aime Has, la seconde fille de Kom; mais Has aime Occe. Le messager Brin annonce l’arrivée du géant, qu’il décrit dans des termes terribles: le géant Ercole réclame les deux filles du Roi, ou bien il détruira la ville.
Nec et Has, dans les jardins du palais, voient le ciel s’obscurcir à l’arrivée du géant; Has se désole, mais Nec se réjouit: soit son royaume vaincra, soit elle sera l’épouse d’Ercole. Dans la panique, on décide d'offrir un sacrifice propitiatoire à Mammon tout en préparant le combat. Brin se prépare à être dévoré, alors que le général Vam suggère d’endormir le géant pour mieux le vaincre. Has déclare sa flamme à Occe pour tenter de le retenir de s'exposer à une mort certaine: il n’en est pas moins décidé à partir au combat. Pendant le sacrifice, Has prie pour son peuple, tandis que Nec refuse de prier pour la défaite de celui qu’elle aime: son père la fait mettre au cachot. Brin arrive, affolé: Ercole fait apparaître son nez, pris pour un rocher ambulant, et réclame les filles du roi. Le géant se moque des tentatives d’Occe pour le combattre; Vam vient enfumer les lieux, Ercole éternue, tous tombent à terre et imaginent qu'un châtiment leur est venu des dieux. Ils tentent de s’enfuir, mais sont retenus par la main d’Ercole. Seule Nec fait face à son amant pour lui déclarer son amour. Pris de pitié devant tant de bravoure, ce dernier ordonne le mariage de Nec et d’Occe, puis de Vam et de Has, et se résout à les laisser en paix.
Première représentation
Éditions et traductions
Pier Jacopo Martello, Lo starnuto d'Ercole. Venezia: Luigi Pavini, 1745
Pier Jacopo Martello, Teatro, vol. 1. Bari: Laterza, 1980