Cette pièce est une adaptation de la légende de Valentin et Orson, transmise depuis le 13e siècle à partir d'une chanson de geste aujourd'hui perdue, Valentin et Sansnom. Une version remaniée en prose, imprimée à Lyon en 1489, a connu une très large diffusion, notamment grâce aux imprimés populaires de la littérature de colportage (Bibliothèque Bleue). L'histoire des deux jumeaux séparés à la naissance, et dont l'un est élevé par une ourse, est l'un des grands succès des théâtres de marionnettes populaires dans le Nord de la France et en Belgique.

Le manuscrit de ce texte est recopié sur un cahier d'écolier de la fin des années 1950 ou du début des années 1960. Il appartient à la collection réunie par Victor José Géal (Toone VII) et Andrée Longcheval, conservatrice du Théâtre Royal de Toone. Sous la même cote (VI.10.a) est conservé un jeu de quatre feuillets manuscrits reportant la liste des tableaux, des décors et des personnages en scène, au verso de textes dactylographiés faisant la promotion des représentations de La Grande Merveille de la Naissance pendant la période de Noël au Lievekenshoek, place de la Chapelle: la salle de spectacle où Toone VI a installé son théâtre en 1956.

Plusieurs modifications sont apportées par rapport à l'histoire originale: par exemple, l'archevêque de Constantinople, qui tente de séduire Belezante (Bellisant) est remplacé par le ministre Golio, sans doute sous l'influence du personnage du traître Golo dans la légende de Geneviève de Brabant. La pénitence de Valentin, dormant sous l'escalier, rappelle celle de Robert le Diable.

Les seigneurs de la cour reprochent à Pépin le Bref d'avoir chassé la reine Bertha et de lui préferer la mère de Hendrick et Haufroid. Pépin promet de rappeler Bertha près de lui. Alexandre, empereur de Constantinople vient demander la main de Belezante, soeur de Pépin, qui l'accepte. Pendant qu'Alexandre est parti à la guerre, Belezante repousse les avances du ministre Golio qui, pour se venger, fait croire à Alexandre que Belezante a tenté en vain de le séduire. Furieux, Alexandre chasse Belezante. Dans la forêt, Golio essaie une nouvelle fois d'approcher Belezante. Le serviteur de celle-ci, Blandewyn, tente de la défendre, mais il est blessé. Un marchand arrive et blesse Golio qui perd deux dents.

Belezante, sur le point d'accoucher, envoie Blandewyn chercher Pépin. Pendant son absence, elle met aux mondes deux jumeaux mais une ourse enlève l'un d'eux. Elle tente de la poursuivre. Pépin et William d'Angers découvrent le premier enfant, le nomment Valentin et le confient à une nourrice. Blandewyn raconte à Pépin ce qui s'est passé, mais le roi donne raison à Alexandre et retourne à Paris sans chercher à revoir sa soeur. Belezante retrouve Blandewyn, lui raconte son accouchement et l'enlèvement du deuxième enfant. Dépossédée de ses deux fils, elle décide de fuir dans un autre pays.

Dans le palais d'Alexandre, Golio ramène le Marchand prisonnier, tous deux présentent une version différente de ce qui s'est passé et le Marchand demande à affronter en tournoi Golio pour prouver qu'il dit vrai. Bien que le Marchand ne soit pas noble, Alexandre donne son accord pour le tournoi qui a lieu en présence de Pépin. Après plusieurs assauts, le Marchand crève les yeux de Golio et l'oblige à dire la vérité à Alexandre. Golio est condamné à être pendu et le Marchand est nommé ministre.

Pépin fait élever Valentin en guerrier et le nomme comte de Clermont en Auvergne, suscitant la jalousie de Hendrick et Haufroid qui disent au roi qu'ils l'ont vu dans la chambre de leur soeur Esclermonde. On informe Pépin des massacres commis par un Homme sauvage qui vit dans les bois. Valentin dit qu'il partira le combattre avec son serviteur Tacolet, le ramènera vivant, puis partira en exil puisqu'il n'est qu'un enfant trouvé. Dans la forêt, Valentin combat Ourson qui le blesse, puis pris de compassion pour lui le panse avec une feuille d'arbre et accepte de le suivre.

Valentin ramène Ourson à la cour de Pépin. Un messager du duc de Sauveryn demande l'aide du roi contre le Chevalier Vert, et Pépin promet l'envoi de son armée. Un des seigneurs annonce ensuite que les Sarrasins assiègent la ville de Lyon. Pépin décide que son armée ira plutôt les combattre et qu'il n'aidera donc pas Sauveryn. Valentin se propose d'aller avec Ourson prêter main-forte à Sauveryn. Hendrick et Haufroid décident de tuer Valentin. Ils lui tendent une embuscade, le blessent, mais Ourson arrive et les tue.

Valentin va à la rencontre du Rider Vert (Chevalier Vert), mais comme il est blessé c'est Ourson qui le combat et triomphe de lui. Le Rider Vert impose une épreuve à Ourson: aller chercher un bouclier en haut d'un arbre. Ourson réussit l'épreuve et le Rider Vert lui jure fidélité. Le duc de Sauveryn donne la moitié de son domaine et la main de sa fille Tezane à Ourson. Le Rider Vert dit à Valentin qu'il doit le suivre chez sa soeur Esclermonde car il sait qu'Ourson et lui sont les enfants d'Alexandre et Belezante.

Alexandre combat les Maures, tous ses soldats meurent et, pour s'enfuir, il se déguise en Maure. Valentin le prend pour l'un des Maures et le tue. Lorsque Ourson lui révèle qu'il a tué leur père, Valentin jure de ne plus jamais se battre et fait pénitence.

Valentin, qui se présente comme un pélerin, arrive chez Belezante et demande à dormir sous l'escalier. Esclermonde prend la défense de Valentin et le couvre d'un manteau. Ourson arrive à son tour, Valentin lui demande d'appeler un prêtre et de lui donner de quoi écrire. Il rédige une lettre et meurt. Esclermonde lit la lettre et découvre l'identité de Valentin.

Tezane meurt en donnant naissance à deux enfants. Ourson, désespéré, confie ses deux fils au Rider Vert puis s'enfuit dans la forêt où il se tue. L'ourse qui l'avait élevé vient près de lui. Le Rider Vert et les seigneurs qui l'accompagnent sont obligés de tuer l'ourse pour prendre le corps d'Ourson.