La pièce Le Système de M. Prudhomme fait partie du volume Paris-Pantin : deuxième série des "Pupazzi", paru en 1868. Les pièces de cet ouvrage sont précédées de plusieurs prologues que Lemercier de Neuville improvisait souvent avant le début de ses spectacles.

Comme dans les deux volumes de la première série des Pupazzi (1866), l’auteur compose ses textes à partir de reflets de son époque, de portraits de personnalités connues et d’actualités. Par exemple, l'un des personnages porte le nom du comédien du théâtre de Gymnase, François-Louis Lesueur (1819-1876). L'autre personnage porte le nom de Benoiton, un clin d’œil à Victorien Sardou et à sa comédie en cinq actes La Famille Benoîton, jouée pour la première fois à Paris au Théâtre du Vaudeville en 1865. Ce nom propre a par la suite donné naissance à l’adjectif "benoîton", utilisé pour désigner des personnes riches ayant troqué leurs valeurs contre une quête de richesse matérielle.

Monsieur Prudhomme est également un personnage emblématique créé par Henry Monnier (1799-1877), un auteur, caricaturiste, et dramaturge français. Ce personnage incarne une satire du bourgeois de son époque, symbolisant la prétention, la moralité rigide, et l’esprit conformiste qui caractérisaient cette classe sociale dans la première moitié du XIXᵉ siècle.

M. Prudhomme se rend au casino avec l’intention de reconstituer la dot de sa fille, Vénuska, à partir d’un simple billet de cent sous datant de l’époque de Louis-Philippe. Il prétend avoir mis au point son propre système de jeu infaillible.

À son arrivée, il croise le comédien Lesueur, un habitué du lieu, qui raconte avoir suivi toutes sortes de superstitions pour attirer la chance. Cependant, il confesse que la veille, la chance lui a tourné le dos parce qu’il avait oublié de glisser un haricot dans sa poche, un porte-bonheur supposé.

Plus tard, Lesueur revient triomphant : il a finalement gagné ! M. Prudhomme lui conseille de s’arrêter là, mais Lesueur décide d’échanger son haricot contre une feuille d’artichaut, espérant prolonger sa série de victoires.

Nous apprenons que M. Prudhomme a lui aussi ses "atouts" : il est accompagné de Madame Benoiton, connue pour jouer systématiquement sur le 22 et gagner. Cependant, à ce moment précis, elle est absente.

Peu après, Lesueur réapparaît, déçu : la feuille d’artichaut n’a pas porté bonheur, et il a tout perdu. Découragé, il décide de se consoler avec un verre d’absinthe.

De son côté, M. Prudhomme met enfin son système à l’épreuve et revient triomphant, ayant remporté vingt mille francs pour la dot de sa fille. Lorsqu’il est question du secret de son système, il s’adresse malicieusement au public et lui dit qu’il devra revenir l’année prochaine pour le découvrir.