Dans les dernières décennies du 19e siècle, le darwinisme est un courant de pensée qui dépasse de loin la seule théorie de l'évolution formulée par Charles Darwin (1809-1882) dans L'Origine des Espèces, en 1869 : le terme de "darwinisme" est souvent utilisé pour désigner le "darwinisme social" défini par le philosophe et sociologue Herbert Spencer (1820-1903). La pièce de Pocci Schimpanse, der Darwinaffe ne fait moins la satire des théories de Darwin - pour lesquelles l'auteur n'avait que peu de compréhension - qu'elle ne s'attaque à ses sectateurs qui voulaient faire descendre l'être humain du singe en droite ligne. Pocci avait d'abord écrit une autre fin à sa pièce, qui se terminait par une remise en liberté de Kasperl et un calembour du maire sur le "singe" (qui, en allemand, peut désigner la gueule de bois). Pocci l'avait écartée au profit du final certes moins spirituel, mais à ses yeux plus efficace, qui est présenté ici. C'est pourtant la première version qui a été retenue par l'édition de 1875 et la plupart des éditions par la suite.

Expulsé de son logement par le propriétaire, Casperl se met à la recherche d'un emploi. Il en trouve auprès du professeur et explorateur Gerstenzucker, comme... singe ! Celui du professeur, Schimpanse, vient en effet de mourir, alors qu'il cherchait à lui inculquer la culture humaine pour montrer la parenté de l'homme et du singe. Mais Casperl se comporte bien mal : se faisant passer pour Gerstenzucker, il traite une de ses visiteuses avec une extrême grossièreté, puis se bagarre avec le professeur, met la taverne sens dessus-dessous et sème la panique dans la ville. Tous finissent au poste, où le faux singe est démasqué. Quand on veut le jeter en prison, Casperl assomme tout le monde et conclut la pièce en allant boire pour fêter la victoire finale du darwinisme.