
Auteur(s)
Le Fils de l'eunuque
Drame en un acte et six tableaux
A Paris, le cabaret du Chat Noir organise des spectacles d’ombres pendant presque onze ans. L’« inauguration des ombres japonaises » est annoncée le 26 juin 1886 dans la revue de l'établissement. Le théâtre d’ombres est pourtant en activité depuis déjà quelque temps car la même annonce précise que L’Éléphant en est à sa 195e représentation. Jusqu’à la mort du fondateur du cabaret, Rodolphe Salis, en mars 1897, le théâtre du Chat Noir, techniquement conçu par le peintre-décorateur Henri Rivière, présente presque une quarantaine de pièces. A l’instar des cafés concerts, puis comme le feront d’autres établissements de variétés et les music-halls, le Chat Noir offre des soirées éclectiques où s’alternent des pièces aux
registres et aux formats variés : « outre la pièce principale, chaque spectacle comprenait de petits levers de rideau, de jolies fantaisies, en trois ou quatre tableaux » (mémoires de Henri Rivière). Trois types de pièces constituent le répertoire du Chat Noir : les pièces chantées, les pièces récitées et les pièces bonimentées.
Le Fils de l’eunuque est un des trois « levers de rideau » présentés en décembre 1887. Le décor et les personnages renvoient à un Orient de pure fiction. Albert Tinchant assure l’accompagnement musical. Un critique du journal Le XIXème siècle évoque les « amusants tableaux » de « cette gaie pochade », « notamment celui du triomphe du fils de l’eunuque qui s’est introduit au sérail en costume d’Alphonse et, grâce à l’appui des femmes, détrône le Grand-Turc » (31 décembre 1887).
Un script de programme particulièrement développé permet de connaître précisément l’intrigue de la pièce et d’imaginer les commentaires qui pouvaient l’accompagner.
Un sultan est renversé dans son sérail
Dans son palais, un sultan regarde les femmes de son harem danser. Un eunuque confie à un gonfalonier, Ali-Ben Mançour, un message destiné à son fils. Vêtu d’un costume parisien, le fils de l’eunuque arrive au sérail. Les deux hommes retrouvent chacun une femme. Ali-Ben Mançour dénonce les couples au sultan. Les coupables sont condamnés à divers supplices. Seul le fils est sauvé du bûcher grâce à l’opposition des femmes. Il devient le nouveau sultan du sérail qui suivra désormais la mode parisienne. Le fils salue en rêve ses parents défunts qui bénissent leur enfant réhabilité.
Première représentation
Théâtre d'ombres du Chat Noir
Éditions et traductions
« Le Fils de l’eunuque, drame en un acte et six tableaux par Henry Somm », texte imprimé dans un programme du théâtre du Chat noir, imprimé à Paris, par Charles Blot, non daté, exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France (4‑RO‑14876).