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Pulcinella e l'asino del diavolo
Gaspare Nasuto définit le « canevas » de son spectacle Pulcinella e l'asino del diavolo (Pulcinella et l'âne du diable) comme un « instrument ». Dans ce court texte, il a noté l'intrigue, certains dialogues et d'autres observations. Les dialogues notés ne correspondent pas toujours à ceux réellement joués, lesquels sont souvent énoncés en dialecte napolitain, parfois sur un rythme très soutenu. Ce texte ne rend donc compte ni de la musicalité des répliques ni des mouvements des marionnettes tels qu’ils sont inscrits dans leur corps. Chaque personnage des pièces de Nasuto est en effet conçu pour exécuter certains micro-mouvements particuliers qu'il répètera toujours de la même façon.
Une première version de cette pièce a été créée entre 1998 et 1999. Mais Nasuto n’en a écrit le canevas définitif qu’après avoir représenté le spectacle plusieurs fois et après en avoir fixé le rythme et la longueur des scènes en fonction des réactions des spectateurs. Ce texte correspond donc à la version définitive du spectacle, que Nasuto a présentée à partir de 2007. En 2010, le marionnettiste s'est également occupé de la mise en scène et des musiques de la version roumaine de la pièce qui a été jouée par quatre marionnettistes et quatre acteurs au théâtre de marionnettes Puck à Cluj-Napoca.
Une femme, parce qu'elle est différente, est impitoyablement pourchassée
Sur une plage de la mer Tyrrhénienne, une femme invoque le diable Serpentone. Elle veut lui demander la rendre invicible et immortelle pour pouvoir retourner dans son village et se venger de ses compatriotes qui l'ont chassée en la traitant de vieille sorcière. Arrive le diable, précédé par sa voix d’une gravité profonde. Il est prêt à lui accorder l'immortalité en échange de quelque chose de grand, que l'on puisse voir et toucher. Comme la femme n'a rien sous la main, Serpentone lui donne jusqu'à minuit pour trouver une offrande avant de disparaître au milieu des flammes. La femme prépare alors une potion dans une grosse marmite. Pulcinella, affamé, passe par là et plonge la tête dans la marmite pour manger la soupe, mais quand il la retire, il se retrouve avec une grosse tête d'âne. Après avoir achevé la métamorphose, la femme offre l'âne au diable, qui l’emporte en enfer où il a l’intention de le tuer pour se faire un tambour avec sa peau. Mais en voulant tuer l'animal, le diable libère Pulcinella de l'ensorcellement. Pulcinella combat avec le diable, le tue et s'échappe de l'enfer pour aller demander des comptes à la femme qui l'a transformé en âne. Celle-ci est sur le point de boire le vin que le diable lui a donné pour devenir invincible. Comprenant que Pulcinella veut la tuer, elle accuse le public : elle a transformé Pulcinella en âne parce que les spectateurs le lui ont demandé. Le public, "cynique et impitoyable", répondra que ces accusations sont fausses et que la femme est méchante. Les spectateurs, ainsi impliqués dans le spectacle, se retrouvent à jouer la scène racontée par la femme au début de la représentation : celle où ses compatriotes l'insultent et la chassent. Pulcinella tue la sorcière à des coups de balai sous les applaudissements du public. La morale est que les personnes différentes seront toujours pourchassées sans pitié.