Le Duel est une pièce traditionnelle du répertoire de Guignol publiée dès 1865 dans le recueil de Jean-Baptiste Onofrio, Théâtre lyonnais de Guignol, et documentée par plusieurs manuscrits. Le metteur en scène Gaston Baty, dans son édition d'un choix de pièces du Guignol lyonnais, en reprend les deux premiers tiers quasiment à l’identique tout en rebaptisant le rentier Bertrand en Canezou et le vieux militaire La Ramée en Piffard. La version d’Onofrio, au dénouement moins inventif que celle de Baty, ne comporte pas Gnafron : la ruse de Guignol, pour se sauver, consiste alors à feindre d’avoir été transpercé par l’épée du vieux soldat pour mieux l’assommer par surprise avec un bâton…

Canezou, un riche bourgeois lyonnais et père de famille, s’est vivement querellé avec le capitaine Piffard, un ancien militaire napoléonien, au sujet de la bataille de Wagram. Les deux hommes doivent se battre en duel place de la Trinité à Lyon. Canezou demande à son voisin Guignol, un canut pauvre et célibataire, de prendre sa place. Guignol accepte contre 12 000 francs et une bonne bouteille de vin. Tandis que Canezou rentre chez lui chercher le nécessaire, Piffard arrive pour le duel. Guignol l’empêche d’accéder à la maison, puis l’insulte et le querelle ; Piffard le provoque en duel et va chercher des témoins au café voisin. Arrive Gnafron, que Guignol emmène chez lui pour le convaincre de prendre sa place dans le duel. Canezou revient et se cache ; Piffard arrive accompagné d’Arthur, son témoin, pour retrouver Guignol et Gnafron. Guignol, qui a le choix des armes, choisit la bouteille de vin. Piffard renonce au duel. Canezou se montre et Guignol et Gnafron, pour lui donner une bonne leçon, le forcent à avaler une bouteille entière en lui enfonçant un entonnoir dans la bouche. Mais les bouteilles n’étaient remplies que de jus de raisin et le soldat bravache n’était qu’un fanfaron. L’honneur est sauf, chante Guignol à la fin.