Peu de comédies ont été écrites pour le Petit-Théâtre des Marionnettes de la Galerie Vivienne, qui entendait se consacrer pour l'essentiel à la mise en scène des chefs-d'oeuvre de la littérature dramatique dédaignés par les grandes scènes, puis s'orienta vers les drames religieux de Maurice Bouchor. Celle d'Amédée Pigeon, qui s'amuse à faire se croiser les personnages issus de la Commedia dell'arte et la philosophie antique, constitue donc un cas singulier. Elle a été jouée avec une musique composée par Paul Vidal, et dans des décors de Franck Lamy, au cours de la même soirée où furent représentés La Dévotion à saint André et Le Songe de Khèyam de Maurice Bouchor.

Pierrot, mort depuis six mois, rencontre aux Enfers Arlequin qui vient d'arriver et lui apprend que Colombine l'a vite oublié après son trépas : d'abord avec Valère, puis avec lui-même qui venait de divorcer de Martine. Après avoir croisé Platon et Socrate et épié leurs discussions, ils se mettent à philosopher sur le thème de la femme. Rencontrant Pluton, ils lui demandent de faire venir Martine et Colombine dont ils se languissent. Celles-ci tombent vivantes dans les Enfers mais repoussent Arlequin et Pierrot car elles refusent de vivre avec des morts. Pour les éloigner, Martine les envoie tous deux en mission auprès de Pluton et Caron. Les deux jeunes femmes rencontrent à leur tour Platon et Socrate qui sont troublés par leur chair vivante. Arlequin, jaloux, s'apprête à battre Socrate, mais Pluton revient et raconte à Martine et Colombine que Valère les a déjà remplacées toutes deux. Elles demandent à remonter sur terre, ce que Pluton leur accorde. Après leur départ, Pluton et Arlequin déclare que toutes les femmes sont trompeuses, mais Diotime apparaît et vient leur rappeler à tous le pouvoir de transfiguration de l'amour.