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18 pages
Auteur(s)
St. Anton oder der Heiligenschein
Quand il ouvre au public en 1907 son théâtre d’ombres dans le quartier artistique de Schwabing, Alexander von Bernus veut proposer une nouvelle forme d’art dont il revendique la filiation romantique et qui, distincte des spectacles du Chat Noir à Paris, exploiterait davantage l’immatérialité de l’ombre pour s’aventurer sur les terres de l’âme et du rêve. Le mysticisme prégnant dans les cercles intellectuels et artistiques munichois au début du 20e siècle n’est pas étranger à ce projet visant « l'union la plus métaphysique de l'image, de la poésie et de la musique.».
Les sources utilisées par Coppelius (alias Alexander von Bernus) pour écrire St. Anton oder der Heiligenschein sont difficiles à identifier. La trame principale est comparable à celle des versions pour marionnettes jouées au cours du 19e siècle, mais l’absence du cochon et du conseil aux Enfers qui ouvre traditionnellement la pièce l’en distingue sensiblement. Pourtant, contrairement à La Tentation de saint Antoine jouée au Théâtre du Chat Noir, qui s’appuyait sur le texte de Flaubert, Alexander von Bernus reste dans une veine populaire en introduisant le personnage d’Hanswurst, impétueux et grossier, et en nouant l’intrigue autour d’un quiproquo comique qui rend caduque la célébration finale de la piété de l’ermite.
Au regard des ambitions artistiques des Schwabinger Schattenspiele, cette réécriture de La Tentation, qui écarte les sources savantes ou picturales, peut surprendre. La volonté de se distinguer des productions du Chat Noir et de conserver une morale ambiguë, sinon hédoniste, pourrait en partie l’expliquer.
Un homme subit les épreuves qui étaient destinées à un autre
Après une nuit d’orage terrifiante, saint Antoine quitte sa grotte pour retrouver à l’air libre un peu de sérénité. Belzébuth ordonne alors à Hurliburli de profiter de ce moment d’agitation pour essayer de faire succomber le pieux ermite à l’un des sept péchés capitaux. Entre temps, Hanswurst, un promeneur égaré, épuisé et affamé, s’est réfugié dans la grotte. À son grand étonnement, ses plaintes sont entendues et ses désirs successivement exaucés par les diables de la gourmandise, de la paresse et de la luxure. Mais, alors qu’il enlace vigoureusement le diable de la luxure métamorphosé en femme, Hurliburli apparaît et l’entraîne en Enfer. Antoine, de retour dans sa grotte, voit ressurgir Hanswurst qui, en colère, lui raconte ses mésaventures et la méprise dont il a été victime. Antoine le salue et remercie Dieu de l’avoir protégé des tentations du diable en exposant à sa place ce pauvre inconnu… Pour récompenser sa piété, un ange apparaît et le couronne le saint d’une auréole.
Première représentation
Schwabinger Schattenspiele
Éditions et traductions
COPPELIUS. St. Anton oder der Heiligenschein, ein Hanswusrtspiel. Munich, Verlag der Schwabinger Schattenspiele, 1908.