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15 pages
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Heiliges Spiel
Quand il ouvre au public en 1907 son théâtre d’ombres dans le quartier artistique de Schwabing, Alexander von Bernus veut proposer une nouvelle forme d’art dont il revendique la filiation romantique et qui, distincte des spectacles du Chat Noir à Paris, exploiterait davantage l’immatérialité de l’ombre pour s’aventurer sur les terres de l’âme et du rêve. Le mysticisme prégnant dans les cercles intellectuels et artistiques munichois au début du 20e siècle n’est pas étranger à ce projet visant « l'union la plus métaphysique de l'image, de la poésie et de la musique.».
Reprenant les modèles des crèches animées et des scènes de Nativité pour marionnettes, Alexander von Bernus propose une « pièce sacrée » dont les quatre scènes suivent le récit des Évangiles (selon saint Luc et saint Matthieu), de l’Annonciation à la fuite en Egypte. Parmi les variantes, on peut souligner la première prière de Marie, teintée d’une sensualité surprenante, et l’évocation de son état oscillant entre douleur et grâce, les dialogues entre Marie et Joseph qui ponctuent la scène de la crèche, la description de l’apparition de l’ange aux bergers faite successivement du point de vue de trois personnages (Joseph, Marie, les bergers) et enfin l’individualisation des rois mages qui racontent chacun comment l’étoile lui est apparue.
Aucun intermède comique ou personnage frondeur n’ interrompt l’épanouissement du lyrisme religieux. La voix d’un ange introduit et clôt le mystère, les personnages parlent en vers et certaines silhouettes sont ornées de perles. Cette version raffinée de la Nativité s’inspire de l’iconographie religieuse et file l’image de la lumière, celle du rayon divin qui enfante et de l’étoile qui guide, du désir qui enflamme et de la foi qui anime.
La naissance de Jésus
Une voix annonce à Marie qu’elle tombera enceinte de Dieu. Marie adresse alors une prière à Dieu pour y exprimer à la fois sa honte, sa douleur et son épanouissement. On la voit ensuite saluant Elisabeth qui loue la lumière qui irradie d’elle. Marie la remercie mais évoque sa douleur et ses larmes. Dans l’étable Joseph, émerveillé par les voix célestes qu’il vient d’entendre, exprime son trouble suscité par l’état de Marie, miraculeusement capable de voir l’étoile et d’entendre ces voix. Un groupe de bergers arrive: chacun dépose un présent (un jouet, un pot de miel, un pain) avant de repartir. À nouveau seul avec Marie, Joseph se demande s’il n’est pas en train de rêver. Gaspar, Balthazar et Melchior entrent. Après avoir raconté comment l’étoile leur est apparue et leur voyage, chacun dépose son cadeau (l’encens, l’or, un bâton orné). Oscillant toujours entre ravissement et incompréhension, Joseph loue leur soudaine richesse et le visage illuminé de Marie mais un ange les met en garde contre la colère du roi Hérode. Il leur conseille de se réfugier en Égypte.
Première représentation
Schwabinger Schattenspiele
Éditions et traductions
BERNUS Alexander (von). Sieben Schattenspiele. Munich/Leipzig, Georg Müller, 1910, p.117-133.