La pièce Anges du Chaos répond à une commande d'écriture passée à Michel Azama par Prosper Diss (acteur, metteur en scène et directeur du Théâtre du Sablier à Orange) qui l’a créée en juillet 2001 lors du Festival d'Avignon-Off. Elle a été une première fois publiée par les éditions Théâtrales en 2002 et intégrée à la trilogie Saintes familles (Amours fous, Saint amour et Anges du chaos) dans laquelle l’auteur explore les névroses familiales et les désirs inavoués ou encore le tabou de l’inceste et le mythe d’Œdipe. Suite à la création de la pièce par Frédéric Valet (compagnie Hors champs) le 27 avril 2010 au Théâtre de l’Esplanade / Théâtres en Dracénies (Draguignan), la pièce est rééditée séparément en 2011, toujours par les éditions Théâtrales.

Anges du Chaos est la seule pièce avec marionnettes de Michel Azama. Les quatre personnages de l’intrigue (Pascaline, Sarah, Freddy et le Jeune homme) sont joués par des acteurs. Dans cette pièce en 18 scènes, les marionnettes interviennent 12 fois : la première fois pour prendre en charge, de façon chorale, le texte mi-parlé mi-chanté du prologue et, par la suite, à travers de brefs monologues ou dialogues qui mettent en scène de petites histoires anecdotiques apportant une touche humoristique et décalée.

Dans sa note intitulée « Personnages », Michel Azama précise : « Le metteur en scène peut déplacer les moments de marionnettes, mais ils ne sont pas arbitraires, ils entretiennent au contraire un rapport dialectique avec la scène qui les précède. Quant à interrompre une scène par un moment marionnettique, c’est possible peut-être, mais délicat. Elles peuvent surgir à l’improviste, de manière incongrue, mais sans rompre le fil d’une scène, là est la difficulté. »

Tandis que le Père d’une riche famille bourgeoise agonise à l’hôpital, sa maison est dévalisée. Sa bonne Pascaline (devenue sa compagne depuis qu'il est veuf) se lamente, mais sa fille Sarah se réjouit d’être délestée du poids des souvenirs attachés aux objets. Un Jeune Homme (le fils du Père) revient par hasard ce jour-là après sept ans d’absence inexpliquée.

Freddy, un jeune voyou très séduisant, arrive le même jour pour demander des comptes à Pascaline, qui est sa mère, sur l’identité de son père et sur les raisons qui l’ont poussée à l’abandonner. Pascaline, qui se comporte comme une mère envers le Jeune Homme, rejette Freddy. On apprend qu’elle a survécu, enfant, à la Shoah. Elle prétend ignorer qui est le vrai père de Freddy et que, suite à un déni de grossesse, elle a confié l’enfant à sa sœur qui l’a élevé sans amour dans une banlieue pauvre. Alcoolique et très instable, elle voit des nazis sortir des murs, à moins que ce ne soit Freddy qui la manipule pour la faire parler.

Dans un moment où elle est ivre, Pascaline avoue que Freddy est né d'une histoire d'amour avec un musicien de jazz maghrébin, mort pendant la guerre d'Algérie. Elle finit par accepter son fils comme un bienfait de Dieu. Le pouvoir de séduction de Freddy et l’ambiguïté de son comportement révèlent à la fois le désir homosexuel du Jeune Homme et le besoin d’amour de Sarah qui, prisonnière d’un amour inconditionnel pour son frère, refusait toute sexualité. Le Jeune Homme incite sa sœur à trouver le bonheur avec Freddy tandis que lui, la sachant heureuse, pourra entamer sa transition de genre pour devenir la femme qu’il aspire à être. Le téléphone sonne pour annoncer la mort du Père. Pascaline part découvrir le monde, incitant Freddy et Sarah à construire une vie de couple épanouie dans la maison.