Chi è cagion del suo mal pianga sè stesso - Filippo Acciaiuoli (dit Gran Burattinajo)

Chi è cagion del suo mal pianga sè stesso

Filippo Acciaiuoli (dit Gran Burattinajo) | 1682 | Rome, Italie
Genre (indiqué par l’auteur)
Dramma burlesco
Personnages
Dorisbe, Clorimeno, Dottore Grisanto, Nisbe, Lucillo, Ballo primo di ragazzi e altre figure, Ballo secondo di Pasquali e Ballarini
Nombre d’actes
3
Notice

En 1682, les trois saisons vénitiennes d’Acciaiuoli au Teatro San Moisè s'achèvent et l’entrepreneur revient à Rome. Il donne la pièce Chi è cagion del suo mal pianga sè stesso (Que celui qui est cause de son propre mal s'en prenne à lui-même) au Teatro Colonna, accompagnant la pièce de Caffarelli Il falso nel vero pour inaugurer le nouveau théâtre érigé par le Contestabile Colonna dans son palais. La pièce semble avoir été reprise au Palazzo di Spagna la même année.

Le livret, écrit en vers de mètre irrégulier, ne porte pas le nom d’Acciaiuoli, ce qui est habituel; en revanche, la page de titre indique : "Poesia di Ovidio e musica di Orfeo", qui ancrent l’œuvre dans un univers fictif pastoral et antique étonnant, si l'on considère le contenu de la pièce. Si Acciaiuoli est l’auteur du texte, il est probable qu’il le soit aussi de la musique (dont les compositeurs sont d’ordinaire précisés sur le livret). L’œuvre, qualifiée de drame burlesque, est caractérisée dans les Notizie istoriche degli Arcadi morti de Giuseppe Michele Morei (1720) par les mots de "bagatella per divertimento della sposa" (Maria Mancini Colonna, épouse du Contestabile): le mot "bagatella", utilisé à l’époque pour désigner les jeux de main et notamment les marionnettes, fait pencher pour un spectacle de ce type, dans la lignée des activités d'Acciaiuoli les saisons précédentes. Aucun témoignage clair ne permet toutefois d’établir ce point avec certitude.

Le titre de l’œuvre est une réplique déjà employée par Atamira, personnage de L’Empio punito qui disait d’elle-même : « Chi è cagion del suo mal pianga sè stessa » (III, 13). Dans la nouvelle pièce, la réplique court de la bouche de Clorimeno, confident imprudent, à celle du Dottore Grisanto, maître en matière amoureuse contre son propre intérêt. Acciaiuoli emprunte le sujet de la confidence intempestive à un thème mis en place dans Le Piacevoli notti de Giovanni Francesco Straparola (1550), donnant à l’ensemble une structure répétitive et farcesque qu’avait reprise Molière pour son École des femmes (1662). Comme chez ses modèles, la pièce d’Acciaiuoli obéit à une structure en trois moments: une première confidence d’amoureux, une scène de balcon fonctionnant sur un procédé de double adresse, une scène finale clôturée par un mariage. Comme l'Arnolphe de Molière, Grisanto, vieux barbon pédant, rit de la bonne farce que lui raconte son élève, avant de comprendre qu’il en est l’objet. Il est flanqué d’un autre personnage comique en la personne de sa sœur Nisbe, vieille femme visionnaire qui s’éprend de chaque homme qu’elle rencontre. Ce personnel de farce est complété par le valet poltron et fanfaron Lucillo, qui donne à l’ensemble une tonalité bouffonne soutenue par de multiples quiproquos. Quelques passages se prêtent particulièrement à une incarnation marionnettique: en particulier, les tentatives malheureuses du pédant pour faire la révérence et danser, au milieu d’un ballet de jeunes danseurs, ou la scène lors de laquelle il se trouve assailli par ses élèves latinistes, elle aussi terminée en ballet.

Résumé

Un homme séduit la future épouse de son maître

Dorisbe arrive à Rome en compagnie de son serviteur Lucillo: elle se réjouit de rencontrer son futur époux, le Dottore Grisanto. De son côté, Clorimeno refuse les chaînes de l’amour : Grisanto, son maître, l’enjoint à tomber amoureux. Au pied du Colisée, Dorisbe rencontre Nisbe, sœur du Dottore, qui lui indique la demeure de son frère. En allant prévenir Grisanto de l’arrivée de sa future épouse, Nisbe rencontre Clorimeno et tombe amoureuse de lui. Quant à Dorisbe, après avoir rencontré le Dottore, elle se désole: celui qu'elle doit épouser est un vieillard chenu et stupide. En proie au malheur, elle rencontre Clorimeno; c’est un coup de foudre réciproque et la jeune femme demande à son amant de lui épargner le mariage funeste. Grisanto, mis au fait du chagrin de sa future épouse, donne congé à ses élèves pour la consoler: les élèves latinistes se lancent dans un ballet.

Clorimeno, rencontrant son maître, lui raconte son amour pour Dorisbe, ce qui fait rire Grisanto jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est le malheureux mari et décide de se venger. Après avoir repoussé l’amour de la vieille Nisbe, Clorimeno retrouve Dorisbe à son balcon; mais Grisanto a chargé le poltron Lucillo de le venger sur l’amant après l'avoir mis en fuite et querelle sa promise, qui se justifie en feignant d'éprouver un amour fou à son égard. Malheureusement, Clorimeno raconte toute l’entrevue à son maître lorsqu’il le rencontre: il retournera auprès de son aimée avant le matin. Grisanto se dissimule pour observer les amants: Dorisbe, qui l’a vu, déclare avec ostentation à Clorimeno sa fidélité envers son époux. Dans les scènes suivantes, Nisbe se console avec Lucillo, tandis que Dorisbe tente de clarifier la situation auprès de son amant, désespéré par ses dernières paroles. Le vieux pédant et futur mari s’entraîne à faire la révérence et à danser, mais il tombe et laisse la place au ballet des jeunes danseurs.

Grisanto propose à Nisbe la main de Clorimeno, qu'elle accepte. Clorimeno, qui tentait de se suicider, tombe dans les bras de Dorisbe: les amants se réconcilient et se donnent un rendez-vous nocturne que Grisanto, qui les a entendus, décide de surveiller. Il donne ordre à Lucillo de tuer toute femme ou homme qu’il trouvera dans son jardin. La nuit, Nisbe attend Clorimeno: c’est Lucillo qui arrive, et il s'apprête à la tuer conformément aux ordres reçus. Grisanto l’arrête à temps et croit comprendre que sa sœur était la véritable amante dont son élève lui parlait: il arrange le mariage de Nisbe et de Clorimeno. En les entendant, Dorisbe est prise de jalousie, ce que Grisanto prend pour une inquiétude à le voir en compagnie d’une autre femme. Lorsque Clorimeno arrive au jardin, il comprend que Dorisbe est la future épouse de son maître et s’excuse: Grisanto lui promet le pardon, mais aussi tous ses biens et la femme de la maison. Lorsque le jeune homme entre, Nisbe l’accueille et annonce à Dorisbe son mariage avec lui; les protestations de Clorimeno font taire la jalousie de Dorisbe. Grisanto découvrant la vérité tente de chasser Clorimeno, qui lui répond qu’il n’a fait que suivre les conseils de son maître.

Œuvres corrélées
Le Piacevoli notti1550
Date d’écriture
1682

Première représentation

Rome, Italie, 1682 -

Teatro Colonna ai SS. Apostoli (Palazzo Colonna in Borgo)

Éditions et traductions

Édition

Carlo Giannini

Lieu de conservation

Biblioteca centrale di Roma - Rome, Italie
Langue
Italien
Registres littéraires
Burlesque, Farcesque, Lyrique
Techniques d’animation
Marionnette à glissière, Marionnette à contrepoids
Public visé
Non spécifié
Licence
Domaine public

Mots-clés

Procédés théâtraux

Permalien

Rédaction de la notice

Marie Saint Martin