Filippo Acciaiuoli (dit Gran Burattinajo)
Compositeur, librettiste et dramaturge, Filippo Acciaiuoli (ou Acciaioli) est issu d'une noble famille florentine, et le frère du Cardinal Niccolò Acciaiuoli, vice-doyen du Sacro Collegio. Chevalier de l'ordre de Malte et grand voyageur, figure centrale de l'organisation des spectacles à Rome dans les théâtres privés et publics pendant la deuxième moitié du 17e siècle, il connaît le succès grâce aux machines qu'il fabrique pour le théâtre régulier en musique et dont le fonctionnement nous est encore très mal connu. Il se signale par la manière dont il met en valeur ses trouvailles scénotechniques, pour les "vendre" dans les théâtres privés de la noblesse romaine aussi bien que pour les théâtres de Tordinona ou de Capranica. En parallèle, il transpose son talent de concepteur de machines au domaine marionnettique, en mettant au point de grands automates articulés, dirigés probablement par dessous par des mécanismes permettant de faire glisser dans des rails pour les guider jusqu'au centre de la scène les figurines de bois ou de cire qu'il dirigeait seul à l'aide de contrepoids (peut-être selon un système mis au point quelques années auparavant par Giacomo Torelli ou bien par Bartolomeo Neri). Dans la préface au livret de Damira placata, il proclame la supériorité de l'art sur la nature : les marionnettes sont les témoins du "génie humain capable d'animer un morceau de bois par des gestes muets".
À Rome, entre 1669 et 1682, il met en scène plusieurs œuvres dont il réécrit lui-même le livret (et même, selon certaines sources, la musique) d'après un répertoire à succès, comme Il Novello Giasone, d'après un opéra de Cavalli. Il donne aussi des œuvres originales comme L'Empio punito (le premier opéra racontant l'histoire de Don Juan, d'après Tirso de Molina) ou Il Girello, considéré comme le premier opéra bouffe. Entre 1680 et 1682, il fait représenter à Venise, au Teatro San Moisè, ses propres pièces Damira placata, Ulisse in Feaccia et Il Girello, jouées avec des marionnettes pendant que les chanteurs opéraient derrière le rideau. Il construit pour le fils de Côme III, Grand Duc de Toscane, un théâtre de marionnettes comportant cent-vingt-quatre figures et vingt-quatre décors, mus par un système complexe de contrepoids : sa pratique établit le lien entre une technique marionnettique de grande envergure et la grande machinerie théâtrale mobilisée à l'opéra.
Œuvres
- Girello – 1668
- L'Empio punito – 1669
- Il Novello Giasone – 1671
- Damira placata – 1680
- L'Ulisse in Feaccia – 1681
- Chi è cagion del suo mal pianga sè stesso – 1682