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80 pages
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Teodosio il Giovane
En 1708, Ottoboni fait construire, dans son palais de la Chancellerie, un théâtre d’une grande magnificence imaginé par Juvarra et Pellegrini et pourvu de cent vingt-sept décors. Après Il Costantino pio, qui ouvrait la saison 1710 de son "teatrino ad uso di pupazzi", il fait représenter Teodosio il Giovane l’année suivante. D’après les témoignages, les marionnettes extrêmement coûteuses sont des figures de carton ou de bois "de près de quatre pieds de hauteur" et très ressemblantes à des comédiens naturels. Elles se meuvent sur des glissières en bois et sont actionnées depuis les dessous de la scène par un système de contrepoids. La musique est signée par Filippo Amadei et le livret comporte des illustrations donnant une idée des décors de Juvarra, grandioses sur le plan architectural, qui nous entraînent en bord de mer, sous les murs de Constantinople aussi bien que dans la bibliothèque de Teodosio.
L’intrigue de Teodosio il Giovane s’appuie sur l’historiographie de la Rome impériale pour développer un conflit amoureux entre l’Empereur d’Orient Teodosio et le Roi de Perse Varane; il s’agit pour Teodosio, encore sous la tutelle de sa sœur Pulcheria, de découvrir les voies du bon gouvernement, un peu à la manière du Cinna de Corneille. La veine est édifiante aussi bien que spectaculaire: la machine finale, fort louée par les contemporains, représente le royaume de la Sagesse, portant Eudocia à la rencontre de son époux avant les noces. Les ballets sont dansés par des personnages et fantômes issus des transformations étonnantes par la magicienne Acrisia, autour d’une fontaine ou dans la bibliothèque. D’autres scènes spectaculaires illustrent la virtuosité des machines mobilisées sur le teatrino d’Ottoboni, notamment le débarquement des armées de Marciano accompagnées du cortège de prisonniers, à l’Acte I, la leçon d'astrologie à un Eridione emporté dans les airs à l'Acte II ou le déboulonnage de la statue de Teodosio à l'Acte III.
Un empereur triomphe de sa jalousie
Teodosio (empereur de Constantinople) accueille l’armée de Marciano qui lui apporte la victoire sur l’empire perse et ramène pour captive Ariene, future épouse de Varane (roi de Perse). Teodosio fait relâcher Ariene et lui propose la paix, mais la Reine se drape dans sa fierté. Atenaide, une jeune grecque adepte de la philosophie, est partagée entre rentrer à Athènes et rester auprès de l’Empereur, qu’elle aime, mais à l’égard duquel elle craint un trop grand écart de rang. Varane arrive à la Cour déguisé; il se lie à Atenaide et se montre jaloux de la générosité de Teodosio envers son épouse. Pulcheria accueille Marciano, qu’elle aime. Teodosio est jaloux des liens entre Atenaide et Varane. Comme il accepte d’Ariene le don d’un fruit en remerciement de sa générosité, Varane, qui les observe, les croit amants, tout comme Atenaide: pour rassurer cette dernière, Teodosio lui offre le fruit, qu’elle offre à son tour à Varane, sur la demande insistante de l'inconnu. La suivante d’Atenaide, Acrisia, dévoile à Eriodione, le serviteur d’Ariene, les prodiges d'une fontaine qui se transforme en dragon: elle lui donne une leçon de danse, ce qui permet d’ouvrir l’intermède.
Marciano, qui guette l’arrivée de Varane sur le rivage, surprend les retrouvailles entre Varane et Ariene. Comme il veut mettre la main sur son ennemi qu'il a reconnu, la Reine protège son époux en s’interposant, mais Varane l’enjoint à quitter les lieux: après avoir refusé la paix offerte par Marciano, Varane est vaincu. Teodosio lui propose de nouveau la paix, qu’il repousse. Alors que l'Empereur lit dans sa bibliothèque l’histoire de Costantino, Ariene vient à sa rencontre; Atenaide les observe avec jalousie. Ariene et Teodosio se croient trahis par leurs amants respectifs, et Atenaide, enfin convaincue de l’amour de Teodosio, se trouve à son tour soupçonnée de manque de foi, car elle ne peut rendre à son amant le fruit qu’il lui avait offert. Atenaide parvient à convaincre Ariene de la fidélité de Varane et Acrisia leur promet d’arranger la situation. Elle fait apparaître quatre pages dans la bibliothèque, puis offre une leçon d’astrologie à Eridione, emporté sur une nuée dans les airs. Les tables de la bibliothèque se changent en nymphes, qui engagent le ballet.
Pulcheria reproche à son frère sa jalousie peu conforme à un amour chrétien et lui impose de renoncer à Atenaide. Ariene et Varane se réconcilient et jettent à terre la statue de Teodosio. L’Empereur congédie Atenaide. Il hésite à faire mettre à mort son ennemi, mais opte pour la constance et offre à Varane la vie et un trône: Varane est vaincu par tant de générosité. On prépare les noces de Teodosio, désespéré à l’idée de ne plus revoir Atenaide: Pulcheria mande la nouvelle épousée, qui n’est autre qu’Atenaide sous le nom d’Eudocia. On célèbre le mariage de l’Empereur avec la jeune grecque en même temps que celui de Pulcheria avec Marciano.
Première représentation
Palazzo della Cancelleria
Éditions et traductions
Teodosio il Giovane. Roma: Antonio de'Rossi, 1711.
Nicola Badolato, "All'occhio, all'udito ed al pensiero", Gli allestimenti operistici romani di Filippo Juvarra per Pietro Ottoboni e Maria Casimira di Polonia. Torino: Fondazione 1563 per l’Arte e la Cultura della Compagnia di San Paolo, 2016.