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50 pages
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Le Talisman
Le Talisman fait partie de la petite collection de pièces de « Théâtre de Guignol » (parisien) publiées sous le nom d’Henry de Graffigny. Ces pièces, destinées à être jouées par les particuliers, comportent toujours une série d’indications pratiques sur les décors à utiliser, la distribution des rôles, les costumes et accessoires ainsi que des recommandations sur l’exécution technique du spectacle. Ici, la pièce se présente comme une "féerie" comportant de nombreux effets pyrotechniques (notamment lors des apparitions et disparitions de personnages) et qui se déploient particulièrement au moment du final en apothéose du spectacle.
Le titre de la pièce, Le Talisman, est commun à d'autres féeries pour marionnettes qui ont souvent recours à des objets magiques. Cependant, l'intrigue utilisée par Graffigny semble originale.
Un homme vertueux échoue à ramener un méchant vers le bien
Polichinelle et Pierrot gagnent leur vie comme fagotiers dans une forêt. Le Génie de la Bienfaisance et de la Charité se présente à eux sous l'apparence d'un vieux mendiant affamé. Contre l'avis de Polichinelle, Pierrot partage avec lui leur maigre repas. Pour le récompenser, le Génie offre à Pierrot une baguette magique (le "talisman") qui exaucera tous ses désirs pourvu qu'ils soient justes. Mais Pierrot, satisfait de son sort, ne désire rien. Il réalise donc les souhaits de Polichinelle : manger et boire abondamment, porter un bel habit et être transporté chez lui pour impressionner sa femme. Pendant ce temps, dans la chaumière des Polichinelle, Madame Polichinelle se plaint de la violence et de la paresse de son mari à sa voisine, Madame Gripanchu, et se console en buvant du vin. Polichinelle surgit alors, se met en colère contre son épouse et chasse violemment Madame Gripanchu. Mme Polichinelle essaie d'amadouer son mari. Arrive Pierrot qui veut apaiser le couple, mais Polichinelle lui prend sa baguette et frappe sa femme avec. Surgit alors le Diable qui emporte Madame Polichinelle à la grande satisfaction de son mari.
Polichinelle incite ensuite Pierrot à utiliser la baguette magique pour s'introduire dans la maison de Gripouillard, un financier véreux, et apprendre de lui comment devenir riche. Pierrot et Polichinelle apparaissent dans son salon pendant son dîner. Gripouillard veut fuir, mais Pierrot le touche avec le talisman en souhaitant qu'il devienne vertueux. Transformé, le financier fait don de tous ses biens à Polichinelle et à Pierrot. Alors que Pierrot se réjouit d'avoir fait justice, Polichinelle veut profiter des richesses de Gripouillard. Il s'empare du talisman et souhaite que Pierrot soit envoyé à cinq cents pieds sous terre. Pierrot se retrouve enfermé dans le royaume d'un Gnome qui croit qu'il est venu pour voler ses richesses. Finalement convaincu de l'honnêteté de Pierrot, le Gnome accepte de le libérer, à condition que Pierrot lui promette d'utiliser son talisman pour le métamorphoser en Génie des airs. Une fois au sommet de la montagne magique, Pierrot invoque le Génie du Bien pour lui demander son aide. Le Génie dit à Pierrot qu'il ne pourra retrouver son talisman qu'en changeant par la douceur la nature profonde de Polichinelle. À travers une vision, il lui montre Polichinelle installé dans le Manoir des aigles où il se fait désormais appeler le Comte de Polinel. Pierrot se présente au manoir où il retrouve Gripouillard en haillons, mais heureux. L’impitoyable Polichinelle fait arrêter Pierrot et veut le faire pendre. Apparaît alors le Génie du Bien qui délivre Pierrot. Loin de se repentir, Polichinelle menace le Génie avec le talisman, mais le Génie transporte Pierrot et Polichinelle dans le Palais des Génies. Polichinelle est condamné à être emporté en Enfer par le Diable. Pierrot demande au Génie d'exaucer sa promesse envers le Gnome, mais le Génie refuse et répond que si le Gnome veut voler, il n'a qu'à devenir financier. Les Génies organisent une grande fête en l'honneur de Pierrot, le seul homme de bien, et la pièce se clôt en apothéose.
Éditions et traductions
Henry de Graffigny, Le Talisman, Paris: A. Lesot, 1911.