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103 pages
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Le Miroir aux alouettes (variation sur le mythe à Don Juan)
Conte fantastique en cinq scènes pour marionnettes
Le Miroir aux alouettes est une pièce pour marionnettes à gaine écrite à Paris par Gaston Baty entre 1940 et 1944 durant l'occupation allemande. Elle est conservée parmi les textes pour marionnettes du fonds Gaston Baty de la Bibliothèque nationale de France. Malgré un tampon allemand daté du 17 août 1944 et l'indication de la durée du spectacle ("environ 1h 3/4 + entracte"), celle-ci ne fut vraisemblablement jamais représentée. On y retrouve le personnage de Jean-François Billembois, une figure typique d'artisan-menuisier inventé par Baty et qui évolue dans un Paris populaire idéalisé des années 1840.
Le Miroir aux alouettes traite du mythe de Don Juan, lequel apparaît sous les traits d'un séducteur en fuite, hanté par la peur de vieillir.
Don Juan, vieillissant, livre le secret de sa séduction avant d'affronter son destin
Au printemps, vers 1840 à Paris, Jean-François Billembois, un jeune artisan-menuisier, peine à raconter à son ami Pancrace le spectacle qu'il a vu la veille au Théâtre des Funambules. Arrive la douce Nanette, qui rappelle à Billembois qu’il lui a promis une promenade à Montmorency le dimanche suivant. Mais Billembois trouve une excuse pour revenir sur sa promesse. Devant Pancrace qui s’étonne de ce revirement, Billembois confie qu’il est éperduement amoureux de la belle Zéphyrine, une actrice du Théâtre des Funambules, mais qu’il perd ses moyens chaque fois qu’il la croise. Son ami Pancrace l’emmène boire un verre chez Lustucru pour le consoler.
Face à l'échoppe de Billembois, dans un ancien hôtel particulier, s'est installé un mystérieux étranger, monsieur Tenorio. Poursuivi jusque chez lui par Anaïs, une vieille bigote, Tenorio recommande à Jasmin, son domestique, de ne laisser entrer personne.
La vieille Anaïs accuse Tenorio d’utiliser l'église pour guetter les plus jolies femmes et les séduire par ses manières diaboliques. À force d'imprécations, Anaïs s'évanouit devant la porte du séducteur. Elle est secourue par des femmes et transportée chez l'herboriste, madame Fouillechat. Le soir, dans la rue déserte, apparaît Ratapoil, une étrange figure en uniforme qui frappe à la porte de Tenorio et se présente comme le Commandeur. Mais Jasmin ne le laisse pas entrer.
Dans l'arrière-boutique de l'herboriste-sorcière, Billembois, désespéré, se plaint à Mme Fouillechat qu'aucun des philtres ni des talismans qu'elle lui a fournis n’ont rendu Zéphyrine amoureuse de lui. Celle-ci tente une incantation, mais est régulièrement interrompue par l’arrivée d’autres clients. Elle demande alors à Billembois de rentrer chez lui accomplir un rite en s'arrachant trois poils qu'elle incorporera à un gâteau d'amour destiné à Zéphirine. Pendant ce temps, Jasmin vient chercher des clystères rajeunissants pour son maître ainsi qu'un remède contre la peur pour lui. Interrogé par Mme Fouillechat, il révèle que M. Tenorio est en fait le fameux Don Juan (mais vieilli) qui a fui l’Espagne pour échapper à la vengeance du Commandeur qu’il a tué, que ce dernier a retrouvé Don Juan et qu'il vient frapper à leur porte tous les soirs depuis une semaine. Jasmin, fier de servir un maître illustre, fait jurer à Mme Fouillechat de garder le secret. Quand Billembois revient, Mme Fouillechat change de plan et l'envoie chez son voisin M. Tenorio, afin qu'il lui enseigne le secret de se faire aimer.
La matin, chez lui, Don Juan n’est plus qu’un vieillard décrépit hanté par la peur de vieillir.
Billembois s’introduit chez Don Juan et lui expose son problème avec Zéphyrine. Amusé, le séducteur lui conseille de rester distant avec les femmes pour pouvoir se les attacher et finit par lui confier son secret à l’oreille. Don Juan le prévient que ce secret agira aussi longtemps que Billembois ne ressentira pas d’amour véritable ; si cela lui arrivait, il perdrait immédiatement son pouvoir de séduction et oublierait jusqu’au souvenir du secret de Don Juan.
Quelque temps après, Billembois travaille dans son échoppe en compagnie de Zéphyrine. Devenue sa maîtresse, celle-ci est jalouse de ses autres conquêtes. Billembois, lassé d’elle, prône la liberté dans les relations amoureuses. Toutes les femmes du quartier jasent et condamnent le comportement libertin de Billembois tout en essayant de le séduire par des attentions de toutes sortes.
De son côté Jasmin vient se plaindre de la part de son maître à Mme Fouillechat de la perte d'efficacité de ses clystères rajeunissants ; celle-ci, vexée, révèle publiquement que que Tenorio n'est autre que la fameux Don Juan, mais ravagé par la vieillesse. Entendant cela, les autres femmes, fascinées par la présence du séducteur mythique, assaillent Jasmin de questions sur son compte et finissent par se quereller. Pendant ce temps, Zéphyrine réunit à s'introduire chez Tenorio.
Quand Nanette passe, Billembois l’invite à une promenade à Montmorency. Par dépit, Zéphyrine va rendre visite à Don Juan et accepte son invitation à la campagne.
À la campagne, à Montmorency, près d’une guinguette, tous sont réunis, se promènent, jouent de la musique, chantent, dansent ou flirtent. Zéphyrine se laisse séduire par Don Juan et retrouve son assurance. Billembois tombe amoureux de Nanette dont il perçoit la pureté d’âme et oublie immédiatement le secret de Don Juan. Le Commandeur a suivi la trace de Don Juan jusqu’à Montmorency. Don Juan voit Nanette et veut la séduire, mais celle-ci le repousse en le traitant de « vieux ». C’est alors que Don Juan accepte le châtiment du commandeur puisque la vie de séducteur est terminée pour lui. Auréolée de la gloire d’avoir été la dernière maîtresse de Don Juan, Zéphyrine est courtisée par le riche Arthur. Tandis que Billembois est tout à sa joie de connaître le véritable amour, Nanette semble perdue dans ses pensées et sa dernière réplique porte sur la couleur des yeux de Don Juan.