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40 pages
Auteur(s)
Le Subterfuge culinaire
Dans son atelier parisien surnommé "le Temple", à partir de 1889, le peintre Paul Ranson improvise des petites pièces satiriques qui prennent une forme littéraire dans la première édition de L'abbé Prout : Guignol pour les vieux enfants. Cet ouvrage rassemble les sept saynètes, chacune destinée à une personne connue et chère au cœur de Ranson. La pièce Le Subterfuge culinaire est dédiée à André Fontainas, poète et critique français, belge de naissance (1865-1948).
Malgré la direction artistique mystérieuse de Paul Ranson, son art de la marionnette est imprégné d'humour et de dérision. L'abbé Prout, marionnette grotesque et caricaturale, s'inscrit dans un univers fantaisiste et satirique qui explore les limites du comique, dans le cadre d’une satire des mœurs sexuelles.
Un homme, après avoir séduit une femme, part avec une autre
Joseph, valet de chambre, confie ses sentiments amoureux à Rosalie, femme de chambre. Cependant, celle-ci les rejette, car elle est éprise du chef cuisinier Gontran qui, à son tour, est attiré par Clotilde.
Plus tard, Rosalie annonce l’arrivée d’un curé venu s’entretenir avec Clotilde. Il sollicite une offrande pour financer la construction d’une école chrétienne, promettant qu’un don de mille francs permettra au généreux donateur d’avoir son nom inscrit sur un cartouche ornant les murs de l’établissement. Clotilde accepte de participer, et l’Abbé Prout lui remet comme cadeau un produit de sa création : la vaseline de l’Immaculée Conception. Ne disposant pas des mille francs requis, Clotilde décide de demander l’argent au député Troussetutu. Peu après, Joseph confie à Troussetutu que le chef Gontran ne cuisine rien lui-même : on lui apporte tous les plats déjà préparés. Troussetutu, méfiant, le prend pour un espion et décide de partir précipitamment en Belgique.
L’Abbé Prout revient au château pour offrir des médailles à Clotilde et tombe par hasard sur le duc Gontran, dont il était autrefois le précepteur. Clotilde, quant à elle, découvre que celui qu’elle croyait être un simple cuisinier est en réalité l’homme le plus élégant de Paris. Ravie, elle engage une conversation avec lui, qui se termine dans sa chambre. Gontran en ressort décoiffé, attirant l’attention de Rosalie qui, choquée et blessée, l’interpelle. Face à la colère de Rosalie, Gontran réalise qu’elle l’aimait sincèrement, même lorsqu’elle le croyait cuisinier. Il lui propose de quitter le château ensemble et Rosalie accepte.
Éditions et traductions
Paul Ranson, L'Abbé Prout : guignol pour les vieux enfants. Paris : Société du Mercure de France, 1902.