Le Mariage de Bétinette est une des trois pièces pour « pupazzi noirs » de Louis Lemercier de Neuville. Contrairement aux pièces publiées plus tardivement dans le recueil Ombres chinoises – majoritairement inspirées de contes –, ces trois textes, écrits conformément à l’esprit des « pupazzi », présentent un caractère satirique ou font écho à l’actualité. Elles prennent place à la fin d'un ouvrage didactique intitulé Les Pupazzi noirs, ombres animées dans lequel Lemercier de Neuville retrace brièvement l'histoire du théâtre d'ombres en France. Il y ajoute également des instructions détaillées sur la fabrication des silhouettes et sur l'organisation de l'espace scénique.

On ne sait pas si Lemercier de Neuville présenta publiquement des spectacles d’ombres. L’existence de silhouettes et la publication de deux recueils consacrés aux ombres témoignent en tout cas de son intérêt et peut-être d’expérimentations avortées.

Le Mariage de Bétinette est une comédie féerique où l’humour et la satire se mêlent au merveilleux.

(Sophie Courtade et Sofiia Hultiaieva)

La petite fée Simplette a jeté un sort au roi Béta : il est désormais condamné à voir se matérialiser, dans la réalité, les expressions qu’il emploie. Depuis, chaque victime de ses métaphores est métamorphosée, et le roi Béta ne sera libéré de son sort que si sa fille, la princesse Bétinette, se marie. Or, le roi lui ayant reproché d’être « bête comme chou », la princesse Bétinette a désormais une tête de chou... Le langage figuré du roi provoque de nombreuses autres malencontreuses transformations et la situation devient encore plus problématique le jour où le prince Pathos, un poète décadent et incompris, arrive pour demander la main de Bétinette. Suivant les conseils de son astrologue, le roi décide de faire croire au prince que Bétinette, comme les autres courtisans, s’est déguisée pour célébrer un anniversaire. Tous victimes des reproches imagés du roi, les courtisans aux têtes d’animaux et de légumes défilent sous les yeux du prince qui ne réussit pas à identifier la princesse... Remplumé et la reine Bétasse interviennent pour lui donner des indices. Mais Pathos reste ferme : il refuse d’épouser Bétinette avant de la voir sans « costume ». Finalement, c’est l’expression sincère et touchante de Bétinette qui parvient à le convaincre. Il lui demande alors sa main, et à cet instant, le sort est brisé. Tous les personnages retrouvent leur apparence naturelle, et la cour célèbre enfin l’heureux dénouement.

(Sophie Courtade et Sofiia Hultiaieva)