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En Valais
Actif du 1er mai au 18 octobre 1896, dans le cadre de l’Exposition nationale suisse de Genève, le Théâtre d’ombres du Sapajou programma une douzaine de pièces d’ombres, très proches des spectacles parisiens du Chat Noir (1885-1896). Les artistes qui y collaborèrent (peintres, musiciens, poètes) furent néanmoins soucieux d’apporter une touche nationale à leur répertoire et de revendiquer un positionnement critique singulier, via notamment leur hebdomadaire Le Sapajou. Disant regretter les « jeux d’enfants » des singes primitifs, leur discours tourne en dérision le darwinisme ambiant : « les sapajous fin-de-siècle […] ont mieux à faire ; les nécessités de l’existence et le 'struggle for life' leur imposent des devoirs sociaux et les obligent à choisir une carrière ». Lors des représentations quotidiennes du théâtre, le pianiste Gustave Ferrari assurait l’accompagnement musical et H. Bertilliot, les boniments. Le compositeur et pédagogue Émile Jaques-Dalcroze, souvent présent lors des soirées de gala, improvisait parfois au piano.
La pièce figure au programme du théâtre dès son ouverture et y reste, par intermittence, jusqu’à la fermeture. Certaines silhouettes, dessinées par Henri van Muyden, sont reproduites dans la revue du théâtre qui indique également, ainsi que pour les autres pièces à l’affiche, les titres des tableaux qui la composent. Charmé, le critique Paul Seippel loue dans la Gazette de Genève le réalisme des paysages et l’équilibre des registres de cette « idylle alpestre ».
Us et coutumes d’un village de montagne
Dans le canton du Valais, le jour se lève sur un chemin et une petite maison en bois. Les montagnes apparaissent. C’est le printemps, la trompe du chevrier résonne dans la vallée et les chèvres accourent. Le village de Savièze se réveille : les filles à dos de mule vont travailler dans les vignes, deux femmes discutent, les cochons tentent d’échapper à leurs gardiens… Une famille de touristes anglais se promène sous la conduite de Lord Quick qui mène ses filles comme un berger son troupeau… Un orage éclate dans la vallée, obligeant les touristes, les bergers et leurs bêtes à s’abriter. Après la tempête, les randonneurs de haute montagne achèvent leur ascension et une chasse aux chamois reprend. Aux sons des cloches et des prières, une procession passe lentement : les femmes, les pénitents, les prêtres, les enfants de chœur et les anciens cheminent jusqu’à la vieille chapelle de Savièze. Le village célèbre enfin Noël avant de s'endormir sous la neige.
Première représentation
Théâtre du Sapajou (Exposition nationale suisse)
Éditions et traductions
Le Sapajou, n°21, 30-04-1896, p.8