Püberg ou un héros de parchemin est à la fois l’acte de naissance d’un personnage et celui de la compagnie Amoros et Augustin, qui se professionnalise et se spécialise dans le théâtre d’ombres. Si le dispositif reste classique (manipulation des silhouettes avec des baguettes derrière un écran fixe) et si le renvoi aux figures frondeuses de Polichinelle ou Karagheuz est évident, les aventures de Püberg constituent une première étape. On peut y reconnaître, par exemple, des traits empruntés au Candide de Voltaire ou même aux aventures de Popeye.

La compagnie passe du plastique au parchemin pour fabriquer ses silhouettes et commence à réfléchir aux formes nouvelles que peut prendre le théâtre d’ombres contemporain. Elle ne cessera ensuite d’expérimenter de nouveaux dispositifs, mêlant les mediums et les arts.

À mi-chemin entre le théâtre de foire et le dessin animé, cette pièce était jouée en castelet ; Luc Amoros prêtait sa voix aux personnages, Michèle Augustin manipulait les figurines et le musicien Aloyse Goguel ponctuait l’action. Celle-ci était répartie sur trois écrans figurant les différents espaces-temps.

En 1982, la pièce reçoit le premier prix de la Biennale de la marionnette à Caen et elle est programmée au Festival mondial de la marionnette de Charleville-Mézières.

Mirafiori maudit sa fille d’être tombée enceinte d’un gredin et renie son petit-fils, Püberg, doublement bossu, dont il introduit les aventures par un boniment de foire. À Strasbourg, un client s’attable au restaurant La Victoire et s’étonne de l’agitation du jour. L’aubergiste lui apprend que le célèbre Püberg est sur le point d’être exécuté et fait le récit de sa geste passée. Voulant prendre d’assaut une ville fortifiée, le héros échappa de justesse à la mort avant de voler au secours de la princesse Lilly, prisonnière d’un dragon à sept têtes. Un jeune homme s’installe à la terrasse du restaurant. On apprend qu’il est le fils adoptif de Püberg. Il raconte sa rencontre avec le héros et la princesse, leurs aventures en mer puis leur séparation, l’abandon de Lilly aux pirates et son épuisement. Püberg faillit alors céder aux avances de la Mort avant de se ressaisir, décidant de poursuivre la lutte sociale et la quête d’un monde meilleur. Mais il fut arrêté et condamné au supplice de la roue. Furieuse d’avoir été abandonnée, Lilly fait à ce moment une entrée fracassante et tue son ex-amant, sous les yeux du Bourreau et de la Mort.