Manuscrit
65 pages
Auteur(s)
Ercole all'inferno
ovvero Alceste
La pièce de Rizzoli travaille un matériau courant dans le domaine de la marionnette: la descente aux Enfers. Au motif mythologique issu de l'Alceste d'Euripide et célébré à l'opéra par les livrets de Quinault pour Lully (1674) ou, de Ranieri de' Calzabigi pour Gluck (1767), la réécriture marionnettique ajoute une série de lazzi farcesques mettant en scène le valet d'Ercole, Faggiolino, type bolonais glouton et pleutre, qui constitue avec Colombine un contre-point burlesque au couple formé par Alceste et Admeto. Faggiolino remplace l'Hercule euripidéen dans la maladresse vorace, ce qui permet de dédouaner le héros de l'indélicatesse qu'il commettait dans la tragédie attique, en sollicitant l'hospitalité et un repas dans une maison affligée par le deuil. Surtout, le personnage compose un modèle de lâcheté lors de la descente aux Enfers, alors qu'arrivent sur scène diables, serpents et autres créatures effrayantes où la mythologie infernale se mêle aux résurgences médiévales. Ce n'est que grâce au gourdin d'Ercole qu'il reprend courage, dans une scène de renversement maître-valet particulièrement bouffonne, où Ercole reçoit les coups du bâton avec lequel il avait battu son serviteur aussi bien que tout le personnel infernal. La Mort, personnage habituel dans les théâtres de marionnettes, se confond ici avec une Parque: le manuscrit hésite entre les deux désignations. Faggiolino et son maître la rencontrent dans la bouche de l'Enfer, puis la traînent enchaînée au-devant de Pluto, lorsqu'ils réclament la vie d'Alceste. Le manuscrit porte la trace de deux écritures, et un passage isolé porte quelques répliques de Sganapino (le personnage de prédilection de Giorgio, le fils de Rizzoli). Cet aspect composite permet de supposer une composition en plusieurs temps et peut-être à plusieurs mains. La plupart des interventions de Faggiolino se terminent en improvisations.
Le héros ramène une femme des Enfers
Perilavo, ministre du roi Admeto, relate le triste sort de son maître, condamné à mourir pour avoir irrité Apollon. Alceste, la reine, cherche à sauver son époux: pour cela, elle part avec ses serviteurs consulter l'oracle. Sandrone, en route pour le temple, rencontre Faggiolino et lui explique la situation; c'est l'occasion d'une réflexion sur les femmes qui se développe en scène de ménage (dont la fin est improvisée) lorsque Colombina intervient. Au temple, Alceste prie le prêtre pour la vie de son époux: elle se voit accorder le salut d'Admeto, si elle parvient à trouver une personne prête à donner sa vie pour lui. Soldats, ministre et serviteurs refusent, au gré d'une scène farcesque où chacun rivalise de lâcheté - Alceste décide de se sacrifier.
Admeto, guéri grâce à l'amour d'Alceste, apprend de la bouche de Perilavo la mort de son épouse. Alors que tous se désolent de ce deuil, Faggiolino, envoyé par Ercole, demande à être régalé et accueilli comme un roi. Sa rencontre avec Perilavo est l'occasion d'un jeu sur le dialecte bolonais, auquel le ministre ne comprend mot. A l'arrivée d'Ercole, Faggiolino, la panse remplie de petits plats, essuie les coups de gourdin de son maître pour avoir oublié de demander des nouvelles d'Alceste. Ercole se présente à Admeto, en racontant toute l'histoire de sa naissance, avant d'énumérer ses travaux: c'est l'occasion d'un jeu de rivalité avec Faggiolino, qui énumère ses travaux gastronomiques. Ercole décide de se mettre en quête d'Alceste, en compagnie de son serviteur qui se débat pour ne pas faire partie du voyage.
Le second acte se déroule aux Enfers, au bord de l'Achéron: Faggiolino, saisi de peur, ne cesse de pleurer sur son sort. Ercole, armé de son gourdin, abat Caronte, puis soumet la Mort et l'enchaîne. Lorsque les deux compères pénètrent dans la bouche infernale, ils se voient encerclés de diables, de serpents et de dragons: pour donner du courage à Faggiolino, Ercole lui prête un peu de sa force, ainsi que son gourdin. Faggiolino s'en sert immédiatement pour battre son maître, et pour repousser les diables qui l'assaillent. Parvenus devant Pluto, tout en traînant la Mort derrière eux, Ercole et son serviteur réclament Alceste: Pluto refuse, mais Proserpina intercède pour la vie de la reine. Dans la dernière scène, Ercole sorti des Enfers rentre au palais, alors que le roi, le croyant mort, se lamente: c'est l'occasion de retrouvailles touchantes entre les époux, et d'une célébration de la fidélité conjugale.