Imprimé
97 pages
Auteur(s)
Il Colombo
overo L'India scoperta
Il Colombo, ovvero L'India scoperta (Christophe Colomb, ou l'Inde découverte) est représenté la même année et dans le même lieu que la Statira, qui avait rencontré un grand succès au Teatro di Tordinona. La pièce, signée du pseudonyme Crateo Pradelini, est donnée en l'honneur de la Princesse Maria Ottoboni; elle s'accompagne d'une musique de Bernardo Pasquini. Elle s'inspire d'un dispositif scénique qui avait obtenu un immense succès la même année lors de la représentation de La Caduta del regno delle Amazzoni de Giuseppe de Totis: le prologue montrait le globe terrestre subdivisé en quatre continents, à l'occasion d'une représentation grandiose signée par Acciaiuoli. La pièce de Giuseppe de Totis semble avoir offert une source d'inspiration pour le choix du musicien Pasquini, pour le ballet des nations de la fin de l'Acte II, mais aussi pour une série d'éléments dramatiques comme les interventions comiques de Giumbè et de Gelima. Pour Il Colombo, le Cardinal met en place un service de gondoles permettant d'éviter les rues infestées par la peste; la pièce rencontre cependant peu de succès du fait de son texte jugé ennuyeux et invraisemblable.
Le livret n'est pas écrit spécifiquement pour marionnettes; il met cependant en oeuvre une machinerie qui peut se lire de manière marionnettique. Ainsi, le drame s'ouvre sur l'arrivée de Colombo sur la mer, où il fait face aux créatures merveilleuses que sont les sirènes et les tritons, emportés par l'apparition de la Fortune dans les nuées: le théâtre montre alors un vaisseau, puis un esquif plus léger. A l'issue de l'Acte I, c'est un ballet mettant en scène chameaux et singes dansants qui est présenté aux spectateurs. Le second intermède met en scène un ballet de nations européennes en costumes caractéristiques. D'autres éléments, comme la chute de Colombo depuis le poste d'observation d'où il épie son épouse en conversation avec le tyran, ou le double travestissement d'Anarda et de Colombo pour s'affronter en duel, sont caractéristiques d'un univers baroque.
Deux époux déguisés s'affrontent en duel
En ouverture de la pièce, Colombo traverse les mers en compagnie de son épouse Anarda et de leur fils Fernando; ils rencontrent un chœur de sirènes puis des tritons, qui sont emportés par la Fortune. Le navire accoste à Motenzuma, capitale du Pérou. Tendilla, la fille du roi du Pérou Ginacra, plaide contre l’accueil des étrangers; Guascarre, son amant, s'oppose à ses vaines terreurs de femme. Ginacra l’envoie à la rencontre des vaisseaux qui ont apporté des présents. Lors de la rencontre entre la Cour et les étrangers, Colombo craint les tentations pour sa femme Anarda qui l’assure de sa fidélité; leur fils tombe amoureux de Tendilla. Le serviteur Giumbè mène deux chameaux chargés de cadeaux: c’est le signal du ballet, qui met en scène des singes imitant les danses humaines.
Ginacra fait la cour à Anarda: comme elle le refuse, il tente de forcer Colombo à lui céder son épouse. Les époux demandent son aide à Guascarre, lui-même jaloux de Fernando. Conduite au temple pour être sacrifiée, Anarda se résout à mourir pour prouver son amour à Colombo. Tentant de la fléchir, Ginacra la proclame déesse: devant ses nouveaux refus, il la fait conduire en prison. Colombo se montre résolu à mourir pour sauver sa femme; Fernando demande à Tendilla d’intercéder pour sa mère auprès du tyran. L’intermède met en jeu les nations européennes vêtues de costumes bigarrés.
De nuit, Anarda attend dans sa prison le secours de son époux: Colombo arrive portant une torche et parvient à l’aide de Giumbè à voir Anarda. Ginacra lui aussi arrive dans la prison: Anarda fait semblant de lui être sensible et lui propose de tuer Colombo en duel pour gagner son cœur. Colombo, qui surprend la fin de la conversation, se montre jaloux et tente de se tuer aux pieds de son épouse: elle l’en empêche et lui explique son projet de combattre sous son déguisement. Tendilla déclare son amour pour Fernando: Guascarre se montre grand seigneur et promet à son rival un amour mutuel. Colombo travesti se propose à Ginacra comme champion pour combattre à sa place lors du duel: le combat oppose ainsi Anarda travestie en Colombo et Colombo travesti en champion du roi. Blessé par Anarda, Colombo se retrouve à terre. Lorsqu’elle découvre l’identité de son adversaire, elle s'évanouit. Apprenant les exploits d’Anarda, Ginacra décide de lui accorder la paix. Tendilla hésite entre ses deux prétendants: son père décide de l’accorder à Guascarre, le plus ancien des deux.
Première représentation
Teatro di Tordinona
Éditions et traductions
Il Colombo, ovvero L'India scoperta. Roma: Giovanni Francesco Buagni, 1690.
Nicola Badolato, "All'occhio, all'udito ed al pensiero", Gli allestimenti operistici romani di Filippo Juvarra per Pietro Ottoboni e Maria Casimira di Polonia. Torino: Fondazione 1563 per l’Arte e la Cultura della Compagnia di San Paolo, 2016.