La pièce Les Jeux de l'amour et du bazar fait partie du volume Le Théâtre érotique de la rue de la Santé, qui réunit quelques-unes des pièces joué à l'Erôtikon Théatron en 1862 et 1863. Ce projet collectif, porté par un groupe d'écrivains, peintres et compositeurs, entendait créer des spectacles libres où il était possible d'aborder des thèmes érotiques de façon très crue. Les représentations étaient données devant une cinquantaine d'invités, dont Paul Féval, Henry Monnier, Champfleury, Duranty ou Alphonse Daudet. Le castelet était installé dans une pièce vitrée qui servait d'antichambre à la maison où habitaient notamment Amédée Rolland et Jean du Boys, au 45 rue de la Santé à Paris. Le marionnettiste Lemercier de Neuville était à la fois le peintre, l'architecte, le machiniste, le directeur et l'un des auteurs de l'Erôtikon Théatron.

L'intrigue de la comédie Les Jeux de l'amour et du bazar parodie celle du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux: Sylvia et Dorante n'y sont plus deux maîtres se faisant passer pour des domestiques, mais une maquerelle et un maquereau désireux de devenir prostituée et client pour un soir. Elle tourne autour des aventures libertines et des quiproquos qui surviennent entre les deux personnages. Ce marivaudage est un vrai puits d’expressions argotiques et de métaphores sexuelles, agrémenté de plusieurs vaudevilles.

Sylvia, tenancière d'une maison de prostitution, finit sa toilette devant le miroir et souhaite prendre pour un soir la place de ses employées. De son côté, le proxénète Dorante décide lui aussi de changer de rôle en devenant client d'une prostituée. Sylvia, le voyant, l'invite à monter. Tous deux, ignorant le statut l’un de l'autre, se retrouvent dans une petite pièce. Commencent alors leurs coquineries que Sylvia mène avec fantaisie. Après l’échange réciproque des plaisirs, ils se rendent compte qu’ils partagent le même métier. Ce fait redouble leur passion et ils se proposent d’ouvrir une nouvelle maison close ensemble.