
Imprimé
122 pages
Auteur(s)
Esopaida
ou Vida de Esopo
Da Silva fait jouer Esopaida ou Vida de Esopo (Esopéide ou Vie d'Ésope) sur le théâtre du Bairro Alto en avril 1734, six mois après le succès de la Vida do grande D. Quixote, auquel Esopo fait d’ailleurs allusion au cours de la pièce. Le livret se tourne vers un répertoire antique et tire parti des virtualités burlesques de l’histoire du fabuliste Ésope (VIIe-VIe siècle avant J.-C.), susceptible de fournir une série d’allégories comiques au cours des diverses situations rencontrées par le personnage, depuis le marché aux bestiaux où il est vendu comme esclave jusqu'au champ de bataille où il s'illustre contre Temistocles.
Cet opéra écrit pour une musique d’Antόnio Teixeira aujourd'hui perdue, poursuit la poétique métathéâtrale ludique explorée par la Vida do grande D. Quixote. Esopo est à la fois personnage de l’histoire et contemporain des spectateurs : il peut ainsi faire allusion au quartier du Bairro Alto où se joue sa vie prodigieuse, aussi bien qu’à la Vida do grande D. Quixote de da Silva. Avec le personnage d’Esopo, da Silva développe la critique du langage des philosophes au profit de la langue des fables, fantasque, plastique et orientée vers la parodie.
Dans Esopaida, les objets s’animent, donnant à la figuration par la marionnette une résonance supplémentaire : Periandro confie aux statues du jardin le soin de faire écho à sa plainte amoureuse, posant ainsi la relation paradoxale entre vivant et inanimé. A l'inverse, il est régulièrement fait mention des objets utilisés pour construire les personnages: Esopo fait allusion à la matérialité des marionnettes de liège, lorsqu’il désigne Filena comme une figure peinte dont on ne peut que tomber amoureux ou qu’il se désigne lui-même comme « algum bonecro de cortiça », un pantin de liège.
Un esclave est affranchi grâce à ses bons et loyaux services
Esopo est vendu au marché à un nouveau maître, le philosophe Xanto. La fille de ce dernier, Filena, est amoureuse d’un disciple de son père, Periandro : Esopo est engagé comme entremetteur. De son côté, Xanto lui confie être amoureux de la suivante de sa femme, Geringonça. Cette dernière s’amourache d’Esopo, qui la repousse. Lors d’un banquet, Xanto fait le pari de vider la mer : Esopo l’aide à se libérer de sa promesse, en échange de la liberté. Esopo, ivre, révèle à Geringonça l’amour de son maître, sous les yeux de sa femme Eurípedes, qui de dépit quitte la maison. Alors qu'elle est déguisée en une autre femme, Filena est courtisée par Periandro : elle l'accuse d'infidélité et le quitte. Esopo, emmené en prison, est libéré par Xanto qui s’acquitte ainsi de sa promesse ; il lui promet l’affranchissement à la condition de ramener Eurípedes. Alors que Temístocles mène la guerre contre Athènes aux côtés de Cresso, un aigle de Jupiter se pose sur Esopo, qui acquiert ainsi le commandement des armées.
Esopo parvient à rendre Eurípedes jalouse, si bien qu’elle décide de rentrer auprès de son époux. Alors que l'armée de Cresso est devant Athènes, Esopo se lance dans une fable sur l’amour, agrémentée de latin macaronique. Les deux couples (Xanto et Eurípedes, Periandro et Filena) se réconcilient. Esopo, amoureux de Filena, lui récite un sonnet et lui fait écrire une lettre à double entente, qu’il se destine à lui-même. Appelé à la guerre, il triomphe de Temístocles par trahison et jeux de mots. Au cours d’une scène nocturne, Eurípedes se rend dans la cour où Xanto a rendez-vous avec Geringonça ; Xanto y rencontre sa fille, attendant son amant. Euripides feint d’être la servante pour démasquer son époux, Esopo est pris pour un âne et Geringonça crie au voleur. Alors qu’on annonce la défaite de la ville, Esopo déguisé en femme attire l’attention de Temístocles, amoureux de cette belle jeune femme. Prisonnier, il est chargé par Cresso de construire une tour dans les airs : sur une nouvelle pirouette, il est gracié par le Roi et rentre à Athènes, où ses concitoyens font la paix avec lui, grâce à une dernière fable de sa part.
Première représentation
Teatro do Bairro Alto
Éditions et traductions
Theatro comico português. Lisboa: Francisco Luis Almeno, 1744
António José da Silva (O Judeu), Obras completas. Lisboa: Livraria Sá da Costa, 1957
António José da Silva, "O Judeu". Montpellier: Climats / Maison Antoine Vitez, 2000
(Français)