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50 pages
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Das Loch oder Das wiedergefundene Paradies
Achim von Arnim présenta pour la première fois Das Loch, oder das wiedergefundene Paradies (Le Trou, ou le Paradis retrouvé) à une petite société amicale et festive, durant l'hiver 1811, à Francfort. Initialement créé pour ces divertissements plus ou moins mondains où les jeux d’ombres étaient à la mode, Das Loch fut ensuite retravaillé pour être intégré au recueil Schaubühne. Publié en 1813, ce recueil réunissait des pièces variées (tragédie, farce, théâtre d’ombres, théâtre de marionnettes, drame héroïque, intermède...). Achim von Arnim voulait ainsi proposer aux théâtres allemands un modèle de répertoire susceptible de renouveler l’art dramatique national à partir de textes anciens, de spectacles et de récits populaires : « Ce royaume des esprits vous est ouvert, / L'art se fraie aujourd'hui un nouveau chemin / Dans une maison construite en carton [...] » (prologue).
Das Loch est une réécriture libre d’un des récits enchâssés du Roman des sept sages (roman à tiroir d'origine asiatique connu en Occident depuis le XIIe siècle). Allégé de sa teneur morale contre la malice des femmes, le conte transposé conserve sa trame fictive et ses personnages et s’étoffe de nouveaux développements satiriques et philosophiques. Le deuxième acte est complètement inventé. La pièce oppose aux conceptions mécanistes de l'Homme et à l’excès de rationalisme, une vision magique du monde qui accepte les mystères et exalte la liberté humaine de nature divine (acte 2, scène 1): « Ses lois sont des limites éternelles, / Ses rêves des pensées éternelles, / Ainsi se développe la force humaine / Qui en jouant librement crée [...] Seul est glorieux ce qui a été créé libre. »
Deux amants renversent un gouvernement inhumain
L’empereur du royaume de la Rhubarbe retient enfermée dans une tour la femme qu’il désire épouser. Avec son conseiller Kasper, il gouverne son royaume et fabrique des lois arbitraires au moyen d’« une machine gouvernementale ». Pour libérer l’impératrice, un chevalier réussit à se faire engager par l’empereur comme portier. Kasper lui construit une maison au pied de la tour et perce un trou dans le mur. Pour ne pas être dénoncé, le chevalier démembre Kasper et le met dans une marmite. En passant par le trou, l’impératrice peut visiter le chevalier en cachette. Elle lui offre sa bague de fiançailles pour sceller leur amour mais l’empereur reconnaît le bijou. Il visite l’impératrice pour lever ses doutes mais, le chevalier ayant glissé la bague par le trou, l’impératrice a pu la récupérer et la remettre à son doigt.
Le chevalier et l’impératrice préparent ensuite leur évasion. Le chevalier organise une fête de départ à laquelle il convie l’empereur pour lui présenter sa future épouse – qui n’est autre que l’impératrice déguisée. Croyant reconnaître sa captive, l’empereur part vérifier si celle-ci est toujours dans sa chambre. En se hissant par le trou, l’impératrice se remet dans son lit, ce qui dissipe aussitôt les soupçons de l’empereur. Les deux amants embarquent sous les yeux de l’empereur crédule. Libéré par le chevalier avant son départ, Kasper dévoile à l'empereur le subterfuge.
Honteux d’avoir ainsi été trompés, Kasper et l’empereur se réfugient dans les bois. Le diable s’installe sur le trône, les hommes se battent et les animaux prennent le pouvoir. Le diable propose à l’empereur et à Kasper, puis à tous les hommes, de descendre en enfer dont l’entrée se trouve dans la machine gouvernementale. Renonçant à gouverner les animaux, le diable plonge à son tour en enfer. Désormais seuls, les animaux regrettent les hommes.
Retenu par des anges, le navire de l’impératrice et du chevalier accoste à nouveau sur l’île. Les animaux, heureux de leur retour, couronnent les deux amants. La machine gouvernementale est jetée à la mer et tous les personnages célèbrent leur liberté retrouvée et le paradis où ils vivent à présent.
Première représentation
Première représentation privée chez G. Guaitas
Éditions et traductions
Achim von Arnim : Schaubühne, vol. 1. Berlin: Realschulbuchhandlung, 1813
Ludwig Achim von Arnim, Das Loch oder Das wiedergefundene Paradies, édition critique établie par Gerhard Kluge, Berlin, De Gruyter, 1968.