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110 pages
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Sainte Geneviève de Paris
Mystère en quatre parties et douze tableaux
A Paris, le cabaret du Chat Noir organise des spectacles d’ombres pendant presque onze ans. L’« inauguration des ombres japonaises » est annoncée le 26 juin 1886 dans la revue. Le théâtre d’ombres est pourtant en activité depuis déjà quelque temps car la même annonce précise que L’Éléphant en est à sa 195e représentation. Jusqu’à la mort du fondateur du cabaret, Rodolphe Salis, en mars 1897, le théâtre du Chat Noir, techniquement conçu par le peintre-décorateur Henri Rivière, présente presque une quarantaine de pièces. A l’instar des cafés concerts, puis comme le feront d’autres établissements de variétés et les music-halls, le Chat Noir offre des soirées éclectiques où s’alternent des pièces aux registres et aux formats variés : « outre la pièce principale, chaque spectacle comprenait de petits levers de rideau, de jolies fantaisies, en trois ou quatre tableaux » (mémoires de Henri Rivière). Trois types de pièces constituent le répertoire du Chat Noir : les pièces chantées, les pièces récitées et les pièces bonimentées.
Sainte Geneviève de Paris est une pièce d’ombres chantée. La partition est celle d’un oratorio, alternant les récitatifs, les airs et les chœurs. Henri Rivière la considère comme la plus aboutie du Chat Noir : « L’année suivante on représenta Sainte Geneviève de Paris ; je crois bien que ce fut le spectacle le plus réussi au point de vue musical et mise en scène que nous ayons donné ». D’après les didascalies, certains tableaux devaient être traités comme des vitraux.
Une bergère sauve Paris de l’invasion barbare
A l’aube, dans la campagne près de Nanterre, Geneviève conduit son troupeau. Pendant que les moissonneurs travaillent au champ, elle garde ses moutons et file sa quenouille en chantant des cantiques. A la tombée de la nuit, les paysans rentrent et Geneviève prie pour les pauvres au pied de la croix. Des nuages rouges passent dans le ciel, le tonnerre gronde au loin mais le calme revient et le dernier Angélus retentit. Alors que la ville de Nanterre célèbre l’arrivée solennelle de trois évêques, Geneviève, sous le porche de l’église, attend la bénédiction épiscopale. L’évêque Germain d’Auxerre la distingue parmi la foule et la bénit. Dans l’église et devant l’assemblée, Geneviève fait vœux de virginité. Elle tombe en extase et voit une théorie d’anges au-dessus de l’autel. Un orage retentit. Les Huns envahissent la France et dévastent le pays. Geneviève supplie les saints au paradis de sauver son pays et Paris. Elle fait un rêve et voit les saints intercéder pour elle auprès de Dieu qui accepte d’exaucer sa prière. Au pied du Mont Valérien, Geneviève continue à prier avec ferveur, aux côtés des femmes de Paris. En déroute, les Huns s’enfuient. Geneviève monte au ciel.
Première représentation
Théâtre du Chat Noir
Éditions et traductions
Claudius Blanc, Léopold Dauphin, Sainte Geneviève de Paris, mystère en quatre parties et douze tableaux, Paris, Heugel et Cie, 1893.