
Imprimé
17 pages
Auteur(s)
Arlequin corsaire
Pièce à la silhouette
En activité pendant presque un siècle à Paris, de 1784 à 1870, d’abord au n°127 du Palais-Royal puis sur le boulevard Montmartre, l’établissement des Ombres chinoises, dirigé par son fondateur Séraphin Dominique François, jusqu’à sa mort en 1800, joua, grâce à son succès et à sa longévité, un rôle déterminant pour la diffusion et la reconnaissance du théâtre d’ombres en France et dans les pays voisins. En témoignent la postérité de l’expression « ombres chinoises » - souvent reprise en français - et l’abondante production de théâtres d’ombres de papier et de planches de silhouettes à découper (d'abord éditées par les imagiers lorrains puis copiées par les imprimeurs à Paris, Barcelone, Londres ou Amsterdam).
Les pièces jouées aux Ombres chinoises étaient principalement des farces et des comédies. Les nombreuses pièces d’aventures et les féeries s’ajoutèrent plus tardivement. On y jouait aussi des parodies et quelques pièces à sujets politiques, notamment pendant la période révolutionnaire. Parmi les différents contributeurs, deux auteurs se distinguent par leur productivité et la popularité de leurs pièces : Dorvigny et Charles-Jacob Guillemain.
L’Arlequin corsaire de Dorvigny fut une des pièces les plus jouées des Ombres chinoises. D’après Charles Magnin, elle aurait aussi été présentée pendant la période révolutionnaire sous le titre Arlequin patriote.
Le principal ressort de la pièce peut faire penser au Chant 9 de l’Odyssée dont n'aurait été conservé que le principe des homophones sources de quiproquos.
Un capitaine engage péniblement de nouvelles recrues
Deux nouvelles recrues doivent être présentées au capitaine Arlequin. Celui-ci ordonne que son vaisseau soit prêt pour embarquer dans l’après-midi et demande qu’on lui serve à manger. Il veut aussi trinquer avec ses hommes et prend la décision de ne pas engager de cambusier pour garder lui-même les clefs du vin et des liqueurs.
Arlequin rencontre sa première recrue mais son nom « Qu’est-ce que ça vous fait » et son surnom « ça m’est égal » provoquent des malentendus. Arlequin s’offusque de l’impertinence du garçon qu’il décide malgré tout d’engager, après avoir compris sa méprise.
La seconde recrue se présente. Son nom « Comme vous » et son surnom « Ventre-à-terre » suscitent de nouveaux quiproquos et l’agacement d’Arlequin. La recrue peut néanmoins embarquer.
Arlequin se plaint et dit regretter les surnoms d’antan. Le repas étant prêt, il suit son lieutenant pour aller manger.
Première représentation
Ombres chinoises (théâtre de Séraphin)
Éditions et traductions
Dorvigny, "Arlequin corsaire", Feu Séraphin, histoire de ce spectacle depuis son origine jusqu’à sa disparition (1776-1870), Lyon, N. Scheuring, 1875, p. 45-62.