Fantastica visione - Giuliano Scabia
Photographie d'un spectacle de théâtre d'ombre où l'on voit deux personnages courbés avec des couteaux se faisant face.

Imprimé

129 pages

Auteur(s)

Fantastica visione

sopra il taglio e la vendita di carne con cenni alla questione degli attori, dell'arte, del teatro e del mercato generale degli oggetti nel disarmonico presente

Giuliano Scabia | 1973-1988 | Italie
Genre (indiqué par l’auteur)
Commedia (o tragedia: hylarotragoedia ?)
Personnages
Attore uno, Attore due, Attore tre, Attore quattro, Attore cinque, Attore sei, Il Macellaio, Il Garzone biondo, La Moglie del macellaio, La Madre, Il Padre, Il figlio, Il Vigile, Il Matto Matteo, Il Traghettatore, La Gente in attesa, Il Macellaio burattino, Il Garzone biondo burattino, Il Padre burattino, Una Farfalla, Le Ombre, Voci nell'aria, La Morte, L'Imperatore, Il Ministro della guerra, Il Servo Angelo, L'Intermezzo
Nombre d’actes
3
Notice

Le texte de Giuliano Scabia, pensé pour acteurs et marionnettes, est une réinterprétation d'une légende populaire souvent réécrite par les marionnettistes du nord de l'Italie au cours du XXe siècle, celui d'un boucher meurtrier qui tue des victimes humaines pour obtenir les produits de sa boucherie (le protagoniste criminel change de nom selon les régions, Biagio Carnico en Vénétie, Giorgio Orsolano ou "la hyène de San Giorgio" au Piémont). Le travail de re-sémantisation est ici remarquable, et implique une forte critique du monde consumériste de l'après-guerre : le désir de tous les habitants du village d'avoir de la viande fraîche en quantité tous les jours "oblige" le boucher à tuer ses propres clients pour continuer à satisfaire leurs demandes. Comme l'écrit Gianni Celati dans l'essai publié avec le texte de Scabia: "Le mystère réside dans l'infinie réciprocité entre notre chair et son boucher. Il réside dans le lien incontrôlable entre notre désir et ce que notre désir produit. Dans le fait que le désir nous lie à ce qu'il consomme et produit, jusqu'à la mort" (G. Celati, "La nostra carne e il suo macellaio", in G. Scabia, Fantastica visione, 1988).
La pièce est construite sur un mécanisme métathéâtral riche et complexe, dans lequel la voix de l'auteur intervient également, par le biais de notes entre les scènes. Le texte a été écrit comme la continuation d'un texte antérieur, Commedia armoniosa del cielo e dell'inferno (Einaudi, 1972), pour le cycle du Teatro Vagante. Il est divisé en deux parties, la première comprenant 10 scènes et la seconde 14, plus quelques annexes. Les deux parties sont séparées par une farce intitulée "Intermezzo del Teatro Vagante ovvero Farsa della Morte e dell'Imperatore", inspiré de la célèbre scène des marionnettes dans le Don Quichotte de Cervantes.

Résumé

Les clients d'un boucher deviennent ses victimes

La pièce commence par un Prologo in cielo (Prologue dans le ciel) où le Teatro Vagante (Théâtre Vagabond), tout à la fois grotte, maison, berceau, charrette et théâtre, tombe des cintres sur la scène: ses acteurs ont vu le théâtre des dieux, qu'ils doivent maintenant essayer de reproduire, car "il y a un mystère qui doit être révélé".

Le mystère est celui d'un pays dont les habitants insatiables veulent continuer à consommer de la viande fraîche, malgré la rareté des ressources. On ne trouve plus de bétail, une épidémie sévit dans les campagnes et les banlieues se remplissent des déchets produits par la population. Cette forêt de ferraille est censée abriter des esprits, les "rottamat", dont tout le monde pense qu'ils sont derrière la disparition de plusieurs habitants. Le boucher, loué par tous pour sa viande d'excellente qualité, se révèle être un personnage diabolique, auteur de meurtres qui lui permettent d'approvisionner sa boutique. Comme le diable, il apparaît sous de nombreuses formes: il est en effet à la fois le Boucher, le Père, le fou Matteo et l'Empereur. Chaque matin, la Mère et le Père (le Boucher lui-même) attendent l'ouverture de la boucherie pour acheter la meilleure viande, même lorsque leur fils est hospitalisé après avoir été attaqué par le Père. La Mère flirte avec le Boucher, son rêve érotique, jusqu'à ce qu'elle devienne sa victime. Personne ne semble soupçonner le Boucher. Ou bien tous se taisent-ils pour continuer à obtenir les meilleurs morceaux ? Les meurtres se poursuivent jusqu'à ce que tous les habitants du village se soient mangés. Seul le Vigile finit par comprendre que le Boucher est le coupable, mais il finit lui aussi sous ses couteaux. Pour les acteurs du Teatro Vagante, il ne reste que l'espoir: "Même l'enfer peut être transformé - je l'espère", déclare l'un des acteurs.

Œuvres corrélées
La iena di San Giorgio1999
La Iena di San Giorgio, Guido Ceronetti1970
El ingenioso hidalgo don Quijote de la Mancha, Cervantes (Miguel de Cervantes Saavedra)1605-1615
Date d’écriture
1973

Première représentation

Brescia, Italie, 1979 -

Compagnia del Teatro Stabile di Brescia, mise en scène de Massimo Castri.

Éditions et traductions

Édition

Giuliano Scabia, Fantastica visione. Milano: Feltrinelli, 1988.